Force est de constater que les dérives économiques et financières constituent une réalité tenace, intrinsèquement liée au fonctionnement des États à travers le monde.
Les manifestations de ces déviances varient considérablement d’un pays à l’autre, révélant des contextes socio-économiques hétérogènes. Si, dans certaines nations, elles apparaissent comme des irrégularités isolées, dans d’autres, à l’instar du Mali, elles prennent des proportions structurelles et systémiques. Le tissu socio-économique se trouve alors profondément ébranlé par la corruption endémique et la criminalité financière, des fléaux corrosifs qui sapent la cohésion sociale et entravent le développement.
Un Passé Éloquent : L’Ère d’une Éthique Collective Prédominante
Entre le 22 septembre 1960 et le 19 novembre 1968, une période marquante de l’histoire malienne, la corruption était un phénomène quasi inexistant. Les leaders de cette époque étaient animés par un idéal de développement national, plaçant l’intérêt supérieur du pays au-dessus de toute considération personnelle. Forts de leur détermination et de leur intégrité, des infrastructures essentielles ont été réalisées, jetant les bases d’une prospérité partagée et d’un progrès collectif.
Le Séquelle du Coup d’État : L’Érosion des Valeurs et la Montée de la Prévarication
Le coup d’État de 1968 a profondément altéré le paysage politique et moral du Mali. L’accès aux ressources publiques est devenu plus opaque et sujet à des détournements, favorisant une montée inquiétante du népotisme et de la délinquance financière. Ces évolutions ont marqué l’introduction insidieuse de comportements antidémocratiques au sein d’une société pourtant riche de valeurs traditionnelles d’intégrité et de probité. Telle une toxine insidieuse, la corruption s’est progressivement infiltrée dans les rouages de la culture sociétale.
Le Verdict de la Perception Internationale : Un Signal d’Alarme
À l’heure actuelle, la perception de la corruption au Mali par la communauté internationale est alarmante et préoccupante. Transparency International classe le pays à une position peu enviable, au 135ème rang sur 180 dans son indice de perception de la corruption. Ce classement interpelle quant à l’intégrité des institutions et à la crédibilité des systèmes de gouvernance. Bien que les chiffres puissent faire l’objet de débats et de nuances, une prise de conscience collective de l’ampleur du problème est devenue une nécessité impérieuse pour amorcer un changement.
Des Racines Macroéconomiques aux Pistes de Solutions
Les causes profondes des dérives économiques sont complexes et revêtent de multiples facettes. Un cadre macroéconomique rigide, caractérisé par des taux d’intérêt bancaires prohibitifs, entrave considérablement l’épanouissement des entreprises locales et limite leur accès au financement. Ce système pervers contraint parfois les opérateurs économiques à recourir à des pratiques douteuses, voire illégales, pour obtenir les ressources financières nécessaires à leur développement et à leur survie.
La Corruption des Fonctionnaires et l’Influence des Multinationales : Un Engrenage Vicieux
Les entreprises transnationales ne sont pas exemptes de toute responsabilité dans la criminalité financière, utilisant parfois des méthodes sophistiquées et frauduleuses pour maximiser leurs profits au détriment des économies locales. Des cas de pots-de-vin et de détournements de fonds sont fréquemment rapportés, illustrant l’ampleur et la complexité du problème à l’échelle internationale. L’exemple édifiant de l’ancien président congolais, révélant l’opacité des activités de certaines grandes entreprises, souligne l’impact dévastateur de ces pratiques sur la bonne gouvernance et le développement durable.
L’Impératif d’une Révolution Institutionnelle Profonde
Pour endiguer efficacement ce fléau corrosif, une réforme institutionnelle en profondeur s’avère essentielle et urgente. Les capacités du Bureau du Vérificateur Général et des autres organismes de lutte contre la corruption doivent être considérablement renforcées, tant sur le plan des ressources humaines que matérielles. Ces entités doivent se voir octroyer le pouvoir d’agir de manière autonome, de s’autosaisir en cas de suspicion et de mener des enquêtes rigoureuses et efficaces contre les abus et les malversations financières, sans craindre d’interférences politiques ou économiques.
Une Responsabilité Partagée pour un Avenir Intègre
Chaque citoyen a un rôle crucial à jouer dans la lutte acharnée contre la corruption. Il est impératif de reconnaître lucidement que nous pouvons être à la fois victimes et, parfois, complices d’un système vicié par des pratiques douteuses. Le chemin ardu vers un avenir meilleur, fondé sur la probité et la transparence, nécessite une prise de conscience collective de l’urgence de la situation et des actions coordonnées à tous les niveaux de la société pour briser le cycle infernal de la délinquance financière et construire un État au service de tous ses citoyens.
La rédaction.
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