Le couperet est tombé le 15 avril 2025 à Bamako, marquant un tournant abrupt dans le quotidien des abonnés de téléphonie mobile. L’échéance fatidique pour la suspension des numéros non identifiés a engendré une cascade de conséquences inattendues, plongeant la capitale malienne dans une atmosphère de frustration palpable.

Bien que d’intenses campagnes de sensibilisation aient été déployées depuis 2024, l’adhésion des citoyens à cette obligation administrative s’est avérée étonnamment tardive, créant un engorgement sans précédent dans les agences des opérateurs de téléphonie mobile et suscitant une vive vague de mécontentement au sein de la population.

Une Atmosphère Électrique : La Frustration Citoyenne Déferle dans les Rues de Bamako

Les artères animées de Bamako bruissent désormais d’une tension palpable. Les visages des citoyens croisés dans les rues affichent une mine de frustration, et les récits recueillis auprès des usagers révèlent un cocktail explosif de colère et d’incompréhension face à cette situation. Dans les files d’attente interminables des agences de téléphonie mobile, qu’il s’agisse d’Orange Mali ou de Moov Africa Malitel, de nombreux clients désespérés passent des heures, souvent en vain, dans l’espoir de réactiver leur précieux sésame numérique. Les conséquences de ces suspensions sont dures et immédiates : appels brusquement interrompus, réception de SMS impossible et, plus crucial encore pour beaucoup, accès bloqué aux comptes Mobile Money, outils vitaux pour les transactions quotidiennes.

Des Tranches de Vie Bouleversées : Quand le Numérique Grippe le Quotidien

Le témoignage poignant de Fatoumata Doucouré, une commerçante de légumes prospère au marché de Medina-Coura, illustre cruellement l’impact de ces suspensions. Son numéro de téléphone coupé du réseau signifiait ni plus ni moins un accès verrouillé à son compte Orange Money, la pierre angulaire de son activité commerciale. Confrontée à une file d’attente décourageante à l’agence, elle a ressenti avec une acuité douloureuse la pression économique et sociale engendrée par cette situation. Certains clients, pris à la gorge par l’urgence, n’hésitent pas à recourir à des mesures extrêmes, allant jusqu’à rémunérer des intermédiaires informels pour tenter de contourner les interminables files d’attente.

De son côté, Ibrahim Camara, un étudiant assidu de l’Université de Bamako, peine à comprendre pourquoi son numéro n’avait pas été correctement identifié dans les délais impartis. La perte de deux jours cruciaux de communication et l’impossibilité d’accéder à ses fonds via son mobile ont eu un impact dévastateur sur son organisation et ses finances. À Missira, Aminata Sangaré, une coiffeuse indépendante, partage amèrement cette frustration. La suspension inattendue de son numéro de téléphone a porté un coup sévère à son activité professionnelle, la coupant de sa clientèle et de ses réservations.

Entre Colère et Autocritique : La Reconnaissance Amère d’un Manque d’Anticipation

Au-delà de la colère légitime qui gronde, certains usagers font preuve d’une lucidité désarmante en reconnaissant leur propre part de responsabilité dans cette crise. Aminata Sangaré, après avoir ignoré les multiples avertissements diffusés par les opérateurs, admet avec un certain regret son manque d’anticipation. Mahamadou Sidibé, un chauffeur de taxi dont l’activité dépend crucialement de sa capacité à être joint par ses clients, avoue avoir attendu la toute dernière minute pour se conformer aux exigences d’identification. Awa Konaré, une mère de famille jonglant avec les contraintes du quotidien, a également sous-estimé l’importance de la démarche, croyant naïvement que l’identification de son numéro se ferait de manière automatique.

Les Opérateurs au Bord de la Surcharge : Tentatives de Gestion d’un Afflux Monstre

Les opérateurs de téléphonie mobile, pris d’assaut par une marée humaine de clients mécontents et pressés, tentent tant bien que mal de gérer cette situation de crise. Soumoura Dioncounda Keïta, cheffe d’agence chez Moov Africa Malitel, insiste sur la nécessité pour les abonnés d’avoir agi plus tôt, soulignant que l’approche de l’échéance a rendu la gestion de cet afflux massif de demandes particulièrement ardue. Les efforts déployés par les opérateurs incluent la mise en place d’un accueil structuré visant à orienter et à accompagner les clients dans le processus d’identification et de réactivation de leurs lignes.

Chez Telecel, Kouma Mariam Diakité met en lumière l’importance cruciale d’une organisation sans faille pour faire face à cette situation exceptionnelle. Elle rappelle que les clients doivent impérativement se munir d’un document d’identité valide pour procéder à l’identification, mais reconnaît que la forte affluence peut parfois engendrer des tensions et des débordements. Tleido Sow, représentant d’Orange Mali, mentionne également les adaptations mises en œuvre par l’opérateur pour répondre à la demande accrue, telles que le renforcement des équipes en agence et le déploiement d’outils digitaux pour faciliter le processus d’identification à distance.

Au-Delà de l’Identification : Les Défis de la Digitalisation au Mali

Cette crise des numéros non identifiés met en lumière des problématiques qui dépassent largement la simple question de la conformité administrative. Elle soulève des interrogations fondamentales sur le rapport des citoyens maliens au numérique et révèle les défis considérables liés à la digitalisation des services dans le pays. Entre un manque d’information et de compréhension des enjeux, une certaine méfiance persistante envers les services administratifs et un manque d’anticipation de la part d’une partie de la population, il apparaît crucial d’aborder ces enjeux de manière globale et proactive pour permettre au Mali de progresser sereinement sur la voie de la transformation numérique.

Tirer les Leçons pour un Avenir Numérique Plus Serein

En conclusion, cette crise des suspensions de numéros non identifiés à Bamako souligne avec force la nécessité impérieuse d’une sensibilisation accrue de la population aux obligations administratives liées à l’utilisation des services de téléphonie mobile. Parallèlement, des améliorations logistiques significatives de la part des opérateurs et des autorités compétentes seront primordiales pour éviter que de tels désagréments, aux conséquences économiques et sociales non négligeables, ne se reproduisent à l’avenir.

La rédaction

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