Il est des institutions qui, malgré les vents contraires, tiennent bon. Le Bureau du Vérificateur Général (BVG) est de celles-là. Ses rapports, méthodiques et implacables, sont disponibles en libre accès sur son site web : www.bvg-mali.org . Ils ne relèvent ni de la spéculation ni de la rumeur : ce sont des constats fondés sur des faits, des preuves, des chiffres. Et pourtant, au lieu de saluer ce travail de salubrité publique, certains, comme l’ancien Premier ministre Choguel Maïga, s’évertuent à jeter le discrédit sur l’institution. Pourquoi ? Parce que les faits dérangent.
AGEFAU : une gestion qui interpelle
Prenez le cas de la gestion de M. Choguel Maïga à la gestion de l’Agence de Gestion du Fonds d’Accès Universel (AGEFAU), au titre des exercices 2020, 2021, 2022 et 2023. Le BVG y a relevé des irrégularités financières de plus de 20 milliards de FCFA. Oui, vous avez bien lu. Des prêts irréguliers, des abonnements téléphoniques injustifiés, des dépenses de souveraineté excessives, des marchés attribués en dépit des règles… La liste est longue, accablante, et surtout documentée avec la preuve du contradictoire.
La Primature : on ne se fait pas la poche impunément
Et ce n’est pas tout. À la Primature, sur sa gestion au titre des exercices 2021, 2022, 2023, 2024 (30 novembre), les vérificateurs ont mis au jour plus de 2 milliards de FCFA d’irrégularités, dont 1,7 milliard restent sans justification. Des dépenses inéligibles, des reconductions de marchés douteuses, des conflits d’intérêts flagrants… Ce n’est pas une opinion, c’est un constat corroboré.
Le BVG, dernier rempart contre l’impunité
Ce qui intrigue, c’est que personne – pas même les plus virulents – n’a remis en cause l’indépendance du BVG, ni la compétence de ses vérificateurs, ni la rigueur de sa méthodologie. Et pour cause : les rapports sont rédigés par des professionnels chevronnés, selon des normes internationales, avec des sources vérifiables. Chaque constat est corroboré, chaque chiffre étayé.
Mieux, Les séances de contradictoire sont organisées avec les équipes de Choguel aussi bien à l’AGEFAU qu’à la Primature. Elles ne sont pas un luxe, mais une exigence méthodologique et éthique. Elles qui permettent de transformer un simple contrôle en un processus rigoureux, équilibré et défendable, où la vérité des faits prime sur les apparences.
Alors pourquoi cette levée de boucliers ? Pourquoi cette tentative de discrédit ? Parce que le BVG ne fait pas dans la complaisance. Parce qu’il ose nommer les choses, pointer les dérives, dénoncer les infractions. Et parce qu’il transmet ses rapports aux autorités compétentes, y compris au Procureur du Pôle Economique et Financier et au Président de la Section des Comptes de la Cour Suprême.
Choque, l’éloge puis le rejet
Ironie du sort : Choguel Maïga lui-même a longtemps vanté le sérieux du BVG. Il l’a sollicité, encensé, félicité. Il a même prononcé un discours mémorable lors d’une visite à l’institution. Mais voilà : quand les projecteurs se braquent sur sa propre gestion, le ton change. Ce qui était « exemplaire » devient « exécrable ». Comme si la vérité dépendait de qui elle dérange.
Le BVG ne cherche pas des têtes. Il cherche la vérité. Et dans un pays où la corruption gangrène les institutions, il est plus que jamais essentiel de protéger ceux qui la combattent. Et ceux qui les attaquent feraient mieux de répondre aux faits plutôt que de s’en prendre à ceux qui les révèlent.
Source: Cecom BVG
Source: Mali Tribune
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