Le rapport du Vérificateur général, sur la gestion du Palais de la Culture Amadou Hampaté Bâ est sans appel : la maison de la culture malienne, censée être un sanctuaire du savoir et de la créativité, a été transformée en un véritable coffre-fort personnel par ses responsables.

Pendant les exercices 2022, 2023, 2024 et 2025 (31 mars), pas moins de 90 millions FCFA (90 199 000 F) de recettes ont purement et simplement disparu des radars comptables. Ni enregistrées, ni reversées au Trésor. Évaporées. Comme par magie. Ou plutôt, comme par méthode.

Abdoulaye Diombana, le « gestionnaire » devenu planificateur du déficit. Arrivé en 2017 à la tête du Palais de la Culture, Abdoulaye Diombana a été promu Conseiller Technique au Ministère de la Culture en mars 2025. Une promotion qui, aujourd’hui, ressemble davantage à une récompense qu’à une sanction. Pourtant, les faits sont clairs car les recettes encaissées par lui-même et son agent comptable n’ont jamais été versées dans les caisses. En violation flagrante de toutes les lois de finances, de la comptabilité publique et des règles de la régie des recettes, l’ancien Directeur Général et son complice ont mis en place un système digne d’une boutique privée avec des factures encaissées en espèces ou par chèque, mais jamais tracées. Le montant des sous envolés s’élève à 90 millions de francs, soit 57 % des recettes totales générées durant la période vérifiée. Pendant que les agents cumulent des arriérés de salaires et primes, les caisses sont siphonnées. Ironie du sort, avec ce montant, le Palais aurait pu payer les 51 633 190 FCFA d’arriérés de salaires et de primes dus à son personnel. Mais non. L’argent est allé ailleurs. Dans quelles poches ? Et à quelles fins ? Mystère et boule de gomme. Du moins officiellement.

Mais les conclusions du Vérificateur général sont limpides : transmission et dénonciation de faits au Procureur du Pôle économique et financier. Une gestion sans règles avec des archives inexistantes, un contrôle interne absent, une séparation des fonctions ignorée. Plus grave encore, pas de manuel de procédures, pas de traçabilité, pas de séparation entre l’ordonnateur et le comptable. Le Palais de la Culture fonctionnait comme une caisse noire ambulante. Même l’encaissement des recettes était assuré par des personnes non habilitées. Une anarchie méthodiquement organisée. Jusqu’à quand la culture servira de vache laitière ? Comment demander aux artistes d’élever l’âme d’une nation quand ceux qui gèrent les infrastructures culturelles pillent, sans vergogne, les ressources publiques ?

Ce scandale dépasse l’entendement. Ce qui est sure, le Palais de la Culture n’est pas un marché parallèle. Et ceux qui l’ont transformé en machine à cash doivent répondre de leurs actes. Et cela, au nom de la mémoire d’Amadou Hampâté Bâ

Diombana, fossoyeur d’un joyau culturel

Ce qui devait être la vitrine culturelle du Mali s’est transformée, sous la direction du sieur Abdoulaye Diombana, en véritable laboratoire du désordre administratif. Le Palais de la Culture Amadou Hampâté BA, censé incarner la rigueur, le prestige et la mémoire, a été géré comme une épicerie ; sans registre, sans règles, sans responsabilité. Pas de manuel de procédures durant les périodes 2022, 2023, 2024 et 2025 (31mars). Alors que la loi impose à tous les services publics de disposer d’un manuel de procédures validé par la Commission de contrôle interne, le Palais de la Culture s’est en passé pendant huit longues années. Diombana lui-même a reconnu que le document existe mais n’a jamais été soumis pour validation. Autrement dit, on gouvernait à vue, au bon vouloir du dirlo et de sa clique.

L’anarchie organisée !

Dans la gestion du palais de la Culture, c’est qu’il n’y a aucune salle d’archives, aucun classement, aucun respect des règles de conservation des documents publics. Pire, les pièces comptables errent dans les bureaux ; dispersées comme des prospectus. Le documentaliste, officiellement en poste, n’a même pas accès aux documents.

Résultat : l’histoire administrative du Palais de la Culture est en train de disparaître sous les couches de poussière et d’irresponsabilité. Au palais de la Culture sous le DG Diombana, pas de compte de gestion, on dépense, mais on ne rend compte à personne. Comme si cela ne suffisait pas, l’Agent Comptable n’a élaboré aucun compte de gestion pour 2022, 2023 et 2024. Et comme par enchantement, le Directeur Général affirme n’en avoir jamais entendu parler. Un aveu surréaliste ! Dans quelle république un établissement public peut-il fonctionner sans dresser son bilan annuel ?

Sous Diombana, on dépense mais sans jamais justifier. L’une des règles d’or de la gestion publique est la séparation entre ordonnateur et comptable. Mais au Palais de la Culture, Diombana et son Agent Comptable cosignaient les chèques, jouant à la fois les rôles du décideur et du caissier. Des millions de FCFA circulaient ainsi dans un flou artistique, propice aux arrangements obscurs.

Pas de régisseur d’avances, mais un système parallèle de collecte de fonds

Depuis le départ du régisseur en 2020, aucun remplaçant n’a été officiellement nommé. Résultat : le Directeur Général, son adjoint Souleymane Bathieno (l’actuel DG) et l’Agent Comptable, Alassane Yaya Samaké auraient encaissé, eux-mêmes, les loyers et paiements en liquide ou par chèque. Des recettes publiques perçues, directement, par les mains des responsables, comme dans une boutique privée. Ce qui ressort de ce rapport n’est pas de la négligence, c’est une faillite organisée, une gestion patrimoniale d’un bien public, une insulte à la mémoire d’Amadou Hampâté Bâ, lui-même, qui disait : « En Afrique, lorsqu’un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Sous Diombana, ce sont les archives du Palais qui sont ‘’parties en fumée’’ avant même d’être classées.

Décidément, le Palais de la culture n’a pas seulement perdu de sa superbe. Il a été vidé de son âme, vendu au diable. Et jusqu’aujourd’hui, son ancien DG n’affiche qu’une image de ruine et de désolation. Et pour cause : jamais, les gaffes au sein de cette structure culturelle n’ont atteint un tel degré.

Jugé, pourtant, stratégique dans la politique culturelle de notre pays, le Palais de la Culture Amadou Hampâté Bâ, n’a pas échappé à l’appétit vorace de ses responsables. Par petite touche, ils ont « sucé » les caisses, érigé le népotisme en mode de gestion. L’espoir tant suscité auprès de nos autorités, a viré au cauchemar. Un flop magistral.

Bref, le Palais de la Culture a été sacrifié sur l’autel d’intérêts égoïstes pendant les années 2022, 2023, 2024 et 2025 (31 mars). Autrement dit, la caisse de la structure a subi une saignée financière  de plus de 90 millions de francs CFA.

En réalité, cette mauvaise gestion est le fruit d’un système bien huilé, mis en place par les « bonzes » du Palais de la Culture.

Selon ce système, les responsables de la structure veillent aux « bons soins » de leurs pots et de leur propre personne: enveloppes de fin du mois, marchés de gré à gré, bons de carburant à gogo, voyages et autres cadeaux en nature. Du moins, s’ils veulent éviter les « ennuis ». Face à de telles pratiques qui ont occasionné une saignée financière de 90 millions, le vérificateur général a adressé une dénonciation de faits, au président de la Section des Comptes de la Cour Suprême et au Procureur de la République du Pôle national économique et financier. Depuis, l’ancien DG, Abdoulaye Diombana (bombardé Conseiller technique au département de la culture) et sa bande sont dans la tourmente.

Adama Coulibaly

Source : Nouveau Réveil



Lire l’article original ici.

Partager.

bamada.net : Site d'actualités maliennes.

© 2025 Le Republique. Tous droits réservés. Réalisé par NewsBlock.
Exit mobile version