Lors de la 19e conférence parlementaire de l’OCI, Bamako a accusé Alger d’ingérence et de soutien à des déstabilisateurs. Une confrontation qui révèle une fracture diplomatique entre deux voisins historiques.

Du 12 au 15 mai 2025, les regards diplomatiques étaient tournés vers Jakarta, en Indonésie, où se tenait la 19e session de l’Union parlementaire des États membres de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI). Un rendez-vous destiné à promouvoir la coopération entre parlements musulmans sur des enjeux tels que la paix, la solidarité et le développement. Mais au lieu d’un consensus fraternel, la session a été marquée par un affrontement verbal d’une rare intensité entre les représentants du Mali et de l’Algérie.

Prenant la parole à la tribune, le chef de la délégation malienne n’a pas mâché ses mots. Dans un discours tranchant, il a dénoncé “les attitudes ambivalentes et les interférences étrangères qui sapent la souveraineté et la stabilité du Mali.” Sans citer directement l’Algérie dans les premiers instants, le diplomate malien a rapidement levé l’ambiguïté en évoquant “des pays qui offrent protection et relais diplomatiques à des acteurs connus pour leurs visées subversives contre les autorités de la transition.” L’assistance, saisie par la gravité du ton, a vite compris que la cible était Alger.

Une réplique algérienne immédiate et indignée

Faisant usage de son droit de réponse, le représentant algérien s’est dit “profondément choqué par les insinuations et accusations graves proférées contre un pays frère qui n’a jamais cessé de prôner la paix et le dialogue au Sahel.” Il a rappelé l’engagement de longue date de l’Algérie dans les mécanismes de médiation régionaux et rejeté toute implication dans des actions hostiles au Mali.

Mais la tension était déjà installée. Le ton, d’habitude feutré des grandes conférences islamiques, a laissé place à une joute publique inhabituelle, révélatrice d’un contentieux diplomatique plus ancien. Car derrière cet échange se profilent des désaccords profonds sur la gestion du dossier sécuritaire malien, les acteurs légitimes du dialogue, et les alliances nouvelles nouées par Bamako depuis 2022.

En filigrane, les autorités de la transition reprochent à Alger une certaine complaisance à l’égard d’exilés politiques et de figures contestées du régime déchu. Dans les cercles diplomatiques maliens, la gêne est ancienne, mais cette fois-ci, la parole s’est libérée, dans un cadre multilatéral où chaque mot pèse double.

Jakarta, catalyseur d’un repositionnement diplomatique malien ?

Ce qui s’est produit à Jakarta n’est pas anodin. Il traduit un changement de posture du Mali sur la scène internationale. En effet, fini les formules prudentes, place à une diplomatie affirmée, offensive, et surtout alignée sur une logique de rupture avec certaines traditions jugées contre-productives.

Les autorités de Bamako, confortées par un soutien populaire autour de la souveraineté nationale, n’hésitent plus à nommer ce qui auparavant relevait de la coulisse. Ce nouvel équilibre, revendiqué, s’exprime désormais même dans des forums autrefois consensuels comme celui de l’OCI.

La déclaration finale du sommet, peu fournie sur cette tension particulière, n’a pas refermé le dossier. Au contraire, Jakarta aura servi de révélateur à une recomposition régionale dans laquelle le Mali entend peser, quitte à heurter certains partenaires historiques.



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