La fracture entre les autorités de transition et la sphère politique malienne s’intensifie, atteignant un point de tension palpable. Ce samedi 26 avril, lors d’une conférence de presse tenue à la Maison de la presse de Bamako – la seconde en l’espace d’une semaine –, une coalition de partis politiques a exprimé avec véhémence son exaspération face à la conduite de la transition et a formulé de nouvelles exigences claires à l’égard des dirigeants actuels.

Devant une assistance manifestant un soutien sans équivoque, Me Mountaga Tall, figure emblématique du paysage politique malien, n’a pas mâché ses mots pour dénoncer la situation. “Nous, les acteurs politiques, avons été mis à l’écart, traités avec mépris ; et maintenant, on cherche à nous instrumentaliser. C’en est trop, nous ne l’accepterons pas !”, a-t-il déclaré avec force, provoquant une salve d’applaudissements nourris dans la salle.

Critiquant ouvertement le processus politique en cours, Me Tall a remis en question la légitimité de voir “1 500 participants à des concertations nationales annuler une décision prise par plus de trois millions de Maliens”, faisant référence directe au référendum constitutionnel qui a abouti à l’adoption de la nouvelle loi fondamentale du pays. Selon les chiffres officiels de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), le taux de participation à ce référendum, bien que contesté par certains segments de l’opposition, avait dépassé les trois millions de votants.

Vague de Condamnations et Obstacles à la Mobilisation

Au cours de cette même conférence de presse, les partis politiques ont également mis en lumière les obstacles administratifs et logistiques entravant l’organisation de leur meeting initialement prévu pour le dimanche 27 avril au Palais de la Culture de Bamako. Alors que la salle Bazoumana Sissoko leur avait été initialement attribuée, l’autorisation leur a été finalement retirée au dernier moment, sous le prétexte d’une occupation imprévue.

Ce rassemblement devait constituer une démonstration de force de leur opposition à la perspective de dissolution des partis politiques, une rumeur persistante qui alimente les tensions avec les autorités de transition.

Les responsables politiques ont par ailleurs rappelé leur demande de rencontre formelle avec le Premier ministre, le Général Abdoulaye Maïga – qui cumule également les fonctions de ministre de l’Administration territoriale, en charge des partis politiques. Jusqu’à présent, cette requête est restée sans réponse officielle, malgré la poursuite des concertations nationales, un processus que les partis contestataires jugent désormais “hors sujet” et déconnecté des véritables enjeux politiques. Dans leur déclaration commune, les partis ont lancé un appel pressant à l’unité de la classe politique et ont réaffirmé leur rejet catégorique de toute forme d’exclusion ou de marginalisation politique.

Élargissement du Front de Contestation Politique

Depuis la précédente conférence de presse, le mouvement de contestation a enregistré une mobilisation croissante, tant en termes de nombre de participants que de diversité des figures politiques représentées. Parmi les nouveaux acteurs ayant rejoint le mouvement, on notait la présence du Professeur Ali Nouhoum Diallo, de Mme Sy Kadiatou Sow, de Mahamadou Sidibé, ainsi que de personnalités proches de l’ancien Premier ministre Choguel Kokalla Maïga.

D’autres leaders politiques, déjà présents lors du premier point de presse, étaient également au rendez-vous pour réaffirmer leur détermination. La déclaration officielle a été lue en langue française par Oumar Ibrahim Touré, avant d’être traduite et réitérée en bambara par Me Mountaga Tall, soulignant la volonté d’atteindre une audience la plus large possible.

Les partis politiques ainsi réunis ont formulé des exigences claires et non négociables :

  • Le respect scrupuleux de la Constitution et des lois de la République malienne.
  • La garantie effective du pluralisme démocratique comme fondement de la vie politique au Mali.
  • La libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques.

Un hommage particulier et appuyé a été rendu à Mamadou Traoré, populairement connu sous le nom de « Le Roi », un leader politique récemment placé sous mandat de dépôt à la suite de ses prises de parole médiatiques, un événement qui a cristallisé davantage le mécontentement de la classe politique face aux actions des autorités de transition.

La rédaction.

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