Et d’ajouter : « Notre ambition n’est pas de dépendre de tels ou tels partenaires, mais il y a des choix stratégiques ou tactiques qu’on fait pour nous permettre d’atteindre un certain nombre d’objectifs. Donc, comme on le fait dans le cadre de la défense et de la sécurité, notre ambition c’est de pouvoir être autonome. Aujourd’hui, le Mali assume cette diversification de partenariats avec certains pays comme la Russie ou la Chine… ». Pour ce qui est de notre relation avec la France, Abdoulaye Diop a précisé qu’il y a un chargé d’affaires français qui est au Mali, il y a un chargé d’affaires du Mali qui est en France. Et à travers ceux-ci, nous maintenons des échanges, des discussions avec la France, sans perdre de vue que tout pays qui veut travailler avec le Mali doit respecter les trois principes édictés par le Président de la Transition.
Par ailleurs, contrairement à une idée perçue, à savoir que nous menons une diplomatie de confrontation, le ministre Diop a préféré s’appesantir sur les succès diplomatiques du Mali.
Il a parlé notamment d’une diplomatie décomplexée qui défend les intérêts du Mali et qui travaille à repositionner notre pays dans un contexte régional et international complexe. Pour lui, le Mali a plus réagi qu’il n’a jamais été le premier à tirer ! A la question de savoir ce que vaut, organisation portée par trois pays pauvres flattant leur orgueil, Abdoulaye Diop réplique par une citation de Nelson Mandela, à savoir que « C’est toujours impossible jusqu’à ce qu’on le fasse », pour dire que l’AES est aujourd’hui une réalité géopolitique dans la région, mise en place sur la base d’une réponse à apporter à une menace existentielle. « Aujourd’hui, cela nous a amené à pouvoir travailler ensemble pour renforcer la sécurité au niveau des trois pays, mener des opérations conjointes, mettre en place une force unifiée. Mais au-delà de la dimension sécuritaire, un mécanisme collectif d’assistance mutuelle, nous avons compris qu’il était important, après la mise en place de la Charte du Liptako-Gourma, qu’il fallait passer à l’étape supérieure qui était celle d’aller vers la Confédération des États du Sahel, basée sur les trois piliers : la défense et la sécurité qui ont été à l’origine, ensuite la diplomatie, la nécessité de parler d’une seule voix sur la scène internationale, mais aussi la dimension développement qui intègre le renforcement de la coopération et de l’intégration économique et régionale entre les pays et les peuples de la sous-région…», dira Abdoulaye Diop.
Quant au bilan d’un an du Mali à la tête de l’AES, il dira que le Mali est très honoré à travers le Général d’Armée Assimi Gouta, Président de la Transition, qui a été porté à la tête de la Confédération pour une première présidence.
Cela, parce que le Mali partait pratiquement de zéro et la première priorité était naturellement de travailler à adopter une feuille de route. Une feuille de route qui a décliné un certain nombre de dimensions importantes, à savoir comment faire fonctionner la Confédération pour qu’elle puisse exister, les différents cadres existants, mais aussi il fallait travailler à une meilleure coordination des efforts sur le plan sécuritaire. Et d’ajouter : « Ça, on voit sur le terrain les résultats que cela donne, avec des actions coordonnées et des succès militaires qui sont remportés contre les groupes armés, même si le défi sécuritaire reste encore une réalité ». Sur le plan diplomatique, le ministre a évoqué le fait que les pays de l’AES parlent de plus en plus d’une seule voix. Il en veut pour preuves, les réactions du Burkina et du Niger, lorsque notre pays a été agressé par l’Ukraine, qui ont entrepris des démarches communes auprès des Nations-Unies, auprès de l’Union Africaine, idem pour l’Algérie, suite à l’attaque du drone malien.
« Naturellement, c’est un travail de longue haleine, d’harmonisation sur ces questions-là », a ajouté le ministre Diop.
Sur le plan du développement, le ministre Diop trouve qu’il y a aussi des pas importants franchis, via un certain nombre de projets structurants identifiés pour être mis en place en vue de renforcer l’intégration au niveau de la région, comme la mise en place d’une compagnie aérienne, des projets de chemins de fer, de projets d’infrastructures, d’énergie, et récemment de la mise en place de la banque confédérale d’investissement et de développement, devant générer des ressources internes visant à financer notre propre développement. « Et sur le plan de la symbolique, vous avez dû voir aussi qu’il y a les symboles et la visibilité de la Confédération, avec l’adoption d’abord d’un logo, ensuite d’un drapeau et aujourd’hui un hymne. Il y a un projet de radio, de télévision.
Donc, c’est vous dire qu’en un an, il y a quand-même du travail… Il y a une dynamique AES qui est désormais une réalité. Nous voulons pouvoir travailler pour l’intérêt de nos pays tout en maintenant des rapports pacifiques et des rapports de bon voisinage avec notre entourage immédiat et des relations de partenariat avec ceux qui le souhaitent et ceux qui nous respectent », a-t-il précisé.
Pour le ministre Diop, le vrai défi reste la gestion des ingérences extérieures tendant à opposer les populations et certains Etats de la région. « Il faut que chacun s’élève au-dessus de ces de ces différentes pressions néfastes », fera-t-il savoir. ■
MAÏMOUNA DOUMBIA
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