Révision de la Charte de la Transition au Mali : Le Général Assimi Goïta désormais éligible à la présidentielle avec un mandat de 5 ans renouvelable.
Le Mali vient de franchir un tournant décisif dans son processus de refondation institutionnelle. Le Conseil national de Transition (CNT), organe législatif de la période transitoire, a adopté à l’unanimité, avec 131 voix pour, le projet de loi portant révision de la Charte de la Transition. Cette nouvelle version, promulguée par le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, le 8 juillet 2025, introduit des changements majeurs dans l’architecture politique de la transition malienne, dont l’un des plus marquants est la possibilité désormais offerte au président en exercice de se porter candidat aux futures élections générales.
Un mandat de cinq ans, renouvelable « autant de fois que nécessaire »
Bamada.net-La révision adoptée accorde au Président de la Transition un mandat de cinq (5) ans, renouvelable sans limitation, « autant de fois que nécessaire jusqu’à la pacification du pays ». Une disposition qui marque un profond revirement par rapport aux engagements initiaux de la transition, qui fixaient une durée plus courte et excluaient la participation du président aux scrutins à venir. Le texte promulgué précise néanmoins que cette durée pourrait être écourtée si les conditions nécessaires à l’organisation d’une élection présidentielle transparente et apaisée sont réunies.
Une réforme en droite ligne des Assises nationales de la Refondation
Selon les autorités, cette modification de la Charte s’inscrit dans la continuité des recommandations issues des Assises nationales de la Refondation (ANR), tenues en décembre 2021. Le président du CNT, le Général de Corps d’Armée Malick Diaw, a déclaré que « cette modification résulte des résolutions issues des ANR », soulignant qu’il s’agit d’une réponse aux aspirations exprimées par les forces vives de la Nation lors de ces consultations populaires.
La nouvelle Charte consacre plusieurs valeurs pour guider la transition : patriotisme, intégrité, mérité, justice, inclusion, dialogue et réconciliation. Elle rappelle également l’attachement aux dispositions de la Constitution du 22 juillet 2023, qui demeure la norme suprême.
Le Président de la Transition, au cœur du processus de refondation
La Charte révisée confère au Président de la Transition des prérogatives étendues. Il reste Chef de l’État, garant de la Constitution, de la Charte de la Transition et des institutions. Il conserve ses fonctions jusqu’à la mise en place des nouvelles institutions prévues par la Constitution, tout en ayant la possibilité de renouveler son mandat autant de fois que les circonstances l’exigent.
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Ce texte stipule également que, « jusqu’à la mise en place des nouvelles institutions, les organes de la Transition continuent d’exercer leurs fonctions et attributions », ce qui pourrait allonger la durée de la transition au-delà des prévisions initiales.
Une décision controversée, mais légitimée par les représentants de la Transition
Si cette réforme est présentée comme légale, cohérente et conforme à la volonté populaire exprimée lors des ANR et des consultations nationales de 2025, elle suscite aussi des débats. Certains observateurs y voient un glissement vers une transition sans fin, où le pouvoir exécutif concentre de plus en plus de leviers sans échéance électorale clairement définie. D’autres y voient une volonté de stabilisation et de continuité nécessaire dans un pays toujours confronté à une crise sécuritaire majeure et à des défis socio-économiques colossaux.
Le vote unanime du CNT, avec 131 voix pour, 0 contre et 0 abstention, témoigne néanmoins d’un large consensus au sein des organes de la Transition.
Une charte qui s’impose à tous
La nouvelle loi prévoit, à l’article 25 (nouveau), que « en cas de contrariété entre la Charte de la Transition et la Constitution du 22 juillet 2023, les dispositions de la Constitution s’appliquent ». Cela signifie que la Charte vient compléter la Constitution, mais sans la supplanter. En cas de litige, la Cour constitutionnelle est compétente pour trancher.
Un avenir politique redéfini
Avec cette révision, le Général Assimi Goïta peut désormais briguer la magistrature suprême à l’issue de la transition. Une hypothèse qui semblait impensable au début du processus en 2021, mais qui s’impose aujourd’hui comme une réalité légale. La dynamique politique malienne est donc entrée dans une nouvelle ère, où les repères traditionnels de la transition sont en train d’être redéfinis.
Le peuple malien, qui aspire à la paix, à la sécurité et à une gouvernance stable, suivra de près les prochaines étapes du processus, notamment l’organisation des élections générales prévues par la Charte révisée.
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Moussa Keita
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Source: Bamada.net
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