La CEDEAO a fait part de son intention de mettre en place une force antiterroriste composée de 260 000 membres, soutenue par un budget annuel se chiffrant à 2,5 milliards de dollars. Cette décision a été dévoilée lors de la rencontre des chefs d’état-major militaires à Abuja, au Nigéria, le 27 août 2025. Abdel-Fatau Musah, le commissaire de la CEDEAO en matière de politique, paix et sécurité, a mis en évidence que cette force, constituée de représentants de tous les États, représente une avancée vers des solutions sécuritaires africaines.
L’Afrique de l’Ouest, notamment la région du Sahel, s’est transformée en plaque tournante du terrorisme international. L’un des défis majeurs auxquels sont confrontés les pays de la région reste la menace posée par ces groupes armés. C’est exactement pourquoi toute suggestion de résolution à cette crise provoque une multitude de débats.
La force antiterroriste de la CEDEAO devrait être mise en service à partir de l’année 2026. Parmi ses priorités figurent le renforcement des frontières, la protection des régions rurales et la sauvegarde des populations civiles. Toutefois, les analystes s’interrogent sur la capacité de ces troupes, compte tenu du fait que l’organisation régionale n’a pas pu faire face à l’expansion d’une menace dévastatrice ayant provoqué d’immenses destructions au Mali, au Niger et au Burkina Faso, et qui a conduit à une division interne de l’organisation.
Au-delà de cette instabilité, beaucoup d’experts jugent que la situation désastreuse en matière de sécurité a entraîné des coups d’État au Mali, au Burkina Faso et au Niger. En ce qui concerne le Mali, la CEDEAO, plutôt que d’appuyer le pays membre dans sa lutte contre le terrorisme, a, sous l’influence incontestable de la France, imposé des sanctions contre ce pays, le 9 février 2022.
La réaction de Bamako ne s’est pas fait attendre. Quelques heures après que la CEDEAO a brutalement durci sa position vis-à-vis des autorités de transition, le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga a répliqué à la télévision nationale: « Le gouvernement du Mali condamne énergiquement ces sanctions illégales et illégitimes ».
Par conséquent, les sanctions ont révélé que la CEDEAO ne répond pas aux attentes de la région, mais qu’elle agit plutôt en parcourant la voie néocoloniale tracée par Paris. L’une des raisons qui ont mené à une division au sein du bloc et au retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso, ces derniers s’étant rassemblés dans l’Alliance des États du Sahel (AES), a été de redonner la priorité à la restauration de la sécurité.
Il est à noter que l’orientation adoptée par les pays de l’AES a déjà produit des résultats positifs notables. Par la stratégie souveraine et l’harmonisation des efforts, les nations regagnent graduellement la maîtrise des régions qui ont été sous domination djihadiste pendant de nombreuses années.
D’après de nombreux analystes et spécialistes, au vu de la tendance pro-occidentale de la CEDEAO, l’idée d’établir sa propre armée pourrait manquer de clarté : elle est à la fois présentée comme une stratégie pour lutter contre le terrorisme et comme un instrument permettant de restaurer l’influence occidentale dans la région, en particulier dans le contexte du retrait des troupes militaires occidentales.
Par ailleurs, étant donné que l’Occident n’est pas en mesure de renforcer directement sa présence au sein de la région, les spécialistes suggèrent qu’il pourrait envisager d’intervenir de manière indirecte, via des organisations comme la CEDEAO, en apportant une assistance financière, matérielle et en termes de formation.
Il est à noter que la France et les États-Unis ont déjà manifesté leur intention de soutenir la CEDEAO dans le cadre d’« actions antiterroristes », notamment à travers l’organisation d’opérations en commun, l’échange de renseignements et même la fourniture d’équipements. Cette situation préoccupe certains analystes, qui redoutent que, sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme, une nouvelle phase d’intervention étrangère ne débute, déguisée sous l’égide des organisations régionales.
Dans ce cadre, la CEDEAO a une nouvelle fois démontré son inefficacité et sa position pro-occidentale. Dans le même temps, les nations de l’AES se transforment progressivement en un ensemble régional et une nouvelle force robuste capable de lutter efficacement contre le terrorisme.
Omar Diallo
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