Après une pause de 3 mois, les membres du CNT sont de retour à la tâche. La rentrée parlementaire, conformément à la constitution, s’est déroulée, lundi dernier, dans la solennité habituelle, avec le traditionnel discours d’ouverture du président.
Malick Diaw s’y est pris par un speech à rivaliser d’ardeur avec le Premier ministre dont l’équipe gouvernementale, présente au grand complet à la cérémonie d’ouverture de la session budgétaire, a dû se délecter d’un déluge de diatribes n’ayant rien à envier au discours précédemment prononcé par le porte-voix du Mali aux Nations-Unies.
La session parlementaire d’octobre, qui va durer 75 jours conformément à la Constitution de 2023, sera consacrée au budget d’Etat que le président du CNT a sommairement présenté, en présence de ses homologues burkinabé et nigérien, comme un budget ambitieux. Il en juge notamment par un volume plus important des prévisions de recettes et de dépenses, soit un montant de 3057,792 milliards dédiés aux priorités de la Transition : stabilisation institutionnelle, sécurisation du territoire, mise en œuvre des réformes, etc. Par-delà la Loi de Finances 2026, le labeur parlementaire sera aussi consacré à une dizaine d’autres lois ainsi qu’au contrôle de l’action parlementaire, a assuré le président du CNT, avant de faire la part belle à la redondance dans les règlements de compte diplomatiques. Le détenteur du perchoir législatif a notamment assuré la symphonie avec l’Exécutif sur tout ce qu’il considère comme une ingérence hostile à la cadence des peuples du Sahel vers leur épanouissement, leur souveraineté et leur refondation. Toutes choses qui justifient, aux yeux du président de l’organe législatif de transition, le retrait du Mali ainsi que des autres pays de l’AES de la CPI avec effet immédiat, au profit d’un mécanisme confédéral plus indépendant et moins assujetti aux influences impérialistes.
Souscrivant en définitive aux propos et mises au point du PM Maïga à l’Assemblée générale de l’ONU, Malick Diaw dit se réjouir d’un «discours qui a hautement porté les aspirations des peuples de l’AES» et qui traduit une vision confédérale assumée.
Pour le numéro 1 du CNT, la lutte affichée pour la souveraineté s’inscrit dans la continuité du combat des pères de l’indépendance, mais également dans la lutte plus actuelle des États pour s’affranchir des intrusions externes nuisibles. De quoi remettre le couvert sur le «sponsoring» du terrorisme au Sahel que corroborent, selon lui, une récente dénonciation de la France et de l’Ukraine que la Russie a ouvertement désigné comme des vecteurs d’expansion du terrorisme dans le Sahel. «Le monde entier est conscient aujourd’hui que derrière les attaques lâches et perfides des terroristes (…) il y a des mains étrangères… », a déroulé le Général Malick Diaw en assurant au passage que la nouvelle forme de terrorisme, l’asphyxie économique, sera vaincu grâce à «la résilience» et au «patriotisme» des populations et des opérateurs économiques.
Dans la même lancée, le couvert est remis sur l’implication de l’Algérie dans le phénomène terroriste avec plus d’agressivité que le PM à l’assemblée générale des Nations – Unies. Tout en s’associant à la plainte déposée contre l’Algérie à la Cour Internationale de Justice, le CNT, par la voix de son président, exhorte la «junte algérienne» à répondre de ses actes, à les assumer devant la justice internationale et à préférer aux «fuites en avant» et à l’invective les actions de stabilisation et de développement durable de la région.
Les terroristes, qui sont supposés bénéficier de son soutien ainsi que de celui de forces occidentales, en ont eu également pour leur grade dans la sortie du Général Diaw. «À moins d’être des marionnettes en quête d’une cause utopique, ces illuminés doivent savoir que les peuples du Sahel n’accepteront jamais un diktat», a-t-il lancé. Ce faisant, sa perception du diktat est sans doute limitative en tant qu’allusion au rejet de toutes solutions à la crise imposées aux autorités par des injonctions ou ultimatums extérieurs. Si le concept devait être perçu dans la plénitude de son sens, le refus du «diktat» par un peuple englobe aussi son rejet de toute autorité qui n’émane pas de son choix librement consenti en tant que dépositaire exclusif «du fondement de toute souveraineté», selon la constitution malienne en vigueur. Or « les peuples du Sahel » sont contraints depuis cinq années pour un et quatre pour d’autres à l’acceptation de régimes exceptionnels devenus la règle à force de s’installer confortablement dans la durée.
A. KEÏTA
Source : Le Témoin
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