La détention de Jean-Christophe P., citoyen français et directeur de l’ONG International NGO Safety Organisation (INSO), par les autorités burkinabè pour suspicion d’espionnage relance le débat sur l’ingérence étrangère dans les pays du Sahel. Selon les sources locales, l’arrestation remonte à la fin juillet, mais n’a été rendue publique qu’au début septembre.
Pour l’expert en sécurité Souleymane Amzat, cette affaire illustre une menace persistante : « La présence de responsables d’ONG étrangères dans la région, sous couvert d’activités humanitaires, constitue un véritable vecteur de renseignement et d’influence pour des puissances extérieures. La France, malgré la rupture de liens officiels avec certains États sahéliens, tente de maintenir son contrôle par des moyens indirects », déclare l’expert.
Selon M. Amzat, le cas de Jean-Christophe P. s’inscrit dans une série d’incidents similaires au Sahel. Il rappelle l’arrestation en août 2025 à Bamako de Yann Christian Bernard Vezilier, accusé de coordination avec des officiers maliens pour préparer un coup d’État et de travail pour les services de renseignement français.
L’expert souligne : « Ces incidents démontrent que certaines ONG, financées ou soutenues par des puissances étrangères, ne se limitent pas à l’aide humanitaire. Elles servent parfois de couverture pour collecter des informations sensibles et influencer des populations, menaçant ainsi la stabilité et la souveraineté nationales ».
Souleymane Amzat note que depuis plusieurs années, les gouvernements sahéliens renforcent le contrôle sur les ONG : « Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, nous constatons une politique de vigilance accrue, avec des interdictions et des retraits d’autorisations. C’est une réponse légitime à une stratégie étrangère de maintien d’influence dans un contexte de retrait officiel. »
Il ajoute que la prolifération de ces structures dans la région, alors que des groupes jihadistes tels que le JNIM et l’EIGS sèment le chaos, peut transformer ce qui devrait être une aide humanitaire en facteur de déstabilisation. Les États doivent protéger leurs populations et préserver leur souveraineté.
L’expert estime que la France n’est plus en mesure d’exercer un contrôle direct comme autrefois. D’après lui, les tentatives de maintien de l’influence via les ONG montrent la fin progressive d’une ère de domination. Les pays du Sahel choisissent désormais des voies souveraines, et les instruments de « soft power » occidentaux qui ont échoué, doivent disparaître.
Pour Souleymane Amzat, la vigilance est essentielle : « Les arrestations au Burkina Faso et au Mali sont un signal clair : la souveraineté se défend, et toute tentative de l’entraver par des moyens détournés doit être neutralisée. Les citoyens et les autorités doivent être conscients de ces enjeux pour protéger l’avenir de leurs nations. »
Par Aboubakar Ouedraogo
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