Un récent rapport du Bureau du Vérificateur Général (BVG), rendu public en Octobre  2025, met en lumière de nombreuses irrégularités administratives et financières dans la gestion du Palais de la Culture Amadou Hampâté Bâ (PCAHB).
Cette vérification, qui couvre les exercices 2022, 2023, 2024 et le premier trimestre 2025, dresse un tableau préoccupant de la gouvernance de ce haut lieu symbolique de la culture malienne.
Un pilier culturel en difficulté
Bamada.net-Créé par ordonnance en 2001 et inauguré dès 1983, le Palais de la Culture Amadou Hampâté Bâ devait être un moteur de la politique culturelle nationale. Sa mission : promouvoir la création artistique, former les talents et valoriser le patrimoine culturel malien.
Cependant, selon le BVG, l’institution souffre aujourd’hui d’un manque criant d’organisation, de rigueur administrative et de transparence financière, compromettant ainsi sa pleine contribution au développement du secteur culturel.
Des lacunes administratives profondes
L’une des principales anomalies relevées par le rapport est l’absence d’un manuel de procédures validé. Bien qu’un document ait été élaboré en 2017, il n’a jamais été mis à jour ni approuvé par la commission compétente, en dépit des nouvelles dispositions encadrant les finances publiques.
Autre constat inquiétant : l’absence d’un système d’archivage opérationnel. Les pièces comptables et justificatives sont dispersées dans les bureaux, sans classement ni conservation conforme à la loi, exposant l’établissement à une perte progressive de sa mémoire administrative.
De plus, le BVG note que l’Agent comptable n’a pas élaboré de compte de gestion pour les exercices concernés, ce qui rend difficile l’évaluation de la situation financière réelle du Palais de la Culture.
Des violations des règles de la comptabilité publique
Le rapport souligne également que le Palais n’a pas respecté le principe fondamental de séparation entre les fonctions d’ordonnateur et de comptable.
Plusieurs chèques et ordres de virement ont été cosignés à la fois par le Directeur Général et l’Agent comptable, une pratique contraire à la réglementation.
Cette confusion des rôles favorise, selon le BVG, un risque accru de gestion inadéquate des fonds publics.
Par ailleurs, la mission de vérification a constaté que le Directeur Général, son adjoint et l’Agent comptable ont encaissé directement certaines recettes destinées au Palais, au lieu de passer par la régie de recettes. Des paiements, effectués par des partenaires ou des usagers, ont ainsi transité en dehors du circuit comptable officiel.
Des recettes non reversées estimées à plus de 90 millions de FCFA
Le point le plus marquant du rapport reste le non-reversement de recettes totalisant 90 199 000 FCFA.
Ces fonds, perçus entre 2022 et 2025, n’ont pas été déposés sur le compte bancaire du Palais.
Selon les vérificateurs, cette somme représente près de 57 % des recettes totales générées durant la période auditée.
Le Bureau du Vérificateur Général a, en conséquence, transmis ces faits à la Section des Comptes de la Cour Suprême et au Pôle économique et financier pour les suites qu’elles jugeront nécessaires.
Aucune accusation, mais des faits préoccupants
Il est important de souligner que le rapport du BVG ne formule aucune accusation de corruption.
Toutefois, il souligne des pratiques financières non conformes et des défaillances dans la gestion des recettes publiques.
Ces faits, qualifiés d’irrégularités de gestion, ont été portés à la connaissance des autorités judiciaires compétentes, conformément aux dispositions légales.
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En attendant les conclusions des enquêtes, le BVG recommande un renforcement des mécanismes de contrôle interne, gage d’une gestion plus transparente et responsable des ressources publiques.
Salaires impayés et personnel démotivé
La vérification a également révélé une situation sociale préoccupante au sein du Palais de la Culture.
À la date du 31 mars 2025, l’établissement accusait douze mois d’arriérés de salaires et trente-six mois de primes impayées, pour un montant global de plus de 51 millions de FCFA.
Une situation qui affecte lourdement la motivation des agents et la bonne marche des activités culturelles.
Recommandations pour une réforme en profondeur
Pour redresser la situation, le Vérificateur Général recommande une série de mesures fortes :
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Mettre à jour et valider un manuel de procédures internes ; 
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Instaurer un système moderne d’archivage, notamment numérique ; 
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Respecter strictement la séparation entre ordonnateur et comptable ; 
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Nommer un régisseur d’avances conformément à la loi ; 
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Assurer la transparence dans la perception et le reversement des recettes ; 
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Apurer les arriérés de salaires et de primes du personnel ; 
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Et tenir une comptabilité-matières régulière pour garantir le suivi du patrimoine. 
Pour une gouvernance culturelle exemplaire
Ce rapport du BVG, rendu public alors que le Président de la Transition a proclamé 2025 “Année de la Culture”, sonne comme un rappel à l’ordre pour l’ensemble des structures publiques culturelles du Mali.
Il appelle à une gestion exemplaire des ressources, à plus de transparence et à une meilleure planification des dépenses dans le secteur.
La culture, pilier de l’identité malienne, mérite des institutions fortes, rigoureuses et intègres pour porter la vision d’un Mali uni dans sa diversité.
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MLS
Source: Bamada.net
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