En dépit de son éviction sans ménagement de la Primature, l’ancien Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA reste constant dans ses prises de position notamment son soutien sans faille aux autorités militaires de la transition.
Comme à toutes les occasions, il vient encore de réaffirmer dans une tribune parue ce dimanche sur les réseaux sociaux et publié dans notre édition de ce lundi 14 juillet 2025, son soutien à la transition, prodiguer de sages conseils aux autorités en place, alerter sur les dérives, tout en formulant des propositions pour mieux faire.
Dans cette tribune largement commentée, le Dr Choguel Kokalla MAIGA est resté droit dans ses bottes de soldats de 2e classe. Il assume son soutien sans faille et son compagnonnage avec les militaires, les ‘’moninbodenw’’ et refuse toute hypothèse sur l’échec de la transition.
Toutefois, un proverbe de chez nous enseigne que dire la vérité à son ami ne ruine pas l’amitié. C’est fort de cette conviction que l’ancien Premier ministre ne part avec le dos de la culière pour cracher ses quatre vérités face aux dérives dans la gestion de la transition, une transition dont il estime être un des géniteurs. Pour autant, comme beaucoup de Maliens, Choguel Kokalla Maiga ne partage pas ‘‘l’attribution dolosive, en l’absence de tout consensus national, en l’absence de tout débat entre les forces politiques et sociales significatives véritablement acquises au changement, d’un mandat de cinq ans renouvelable, « jusqu’à la pacification du Mali »’’. Toutes choses qui laissent planer des intrigues quand la fin de la transition. Aussi, s’interroge-t-il : à quand la « pacification totale du Mali» ?
Serait-il pour autant vent débout contre les autorités actuelles de la transition ? Au contraire. Exprimant son inquiétude quant à un éventuel échec de la transition, l’ancien Premier ministre se veut pédagogique dans sa réponse : « supposons, comme hypothèse, que le pouvoir actuel, dirigé par les seuls militaires, tombe. Qu’il soit renversé à la suite de la division des forces politiques et sociales véritablement acquises au changement, ou des actions terroristes ? Qu’adviendra-t-il ? Quelle sera la suite ? Assurément, il y aurait le désordre et le chaos.
En prime, le patron du JINM (ou GSIM), serait blanchi, comme récemment dans un pays du Moyen Orient, et installé comme Président de la République à Koulouba. Il ne lui resterait plus qu’à composer et collaborer avec certains acteurs (soutiens locaux), puis être reçu avec tous les honneurs et tapi rouge dans certaines grandes capitales de pays et États qui sponsorisent et soutiennent les terroristes et leurs alliés.
Ce n’est pas par hasard qu’à la même période pendant laquelle ont lieu les attaques terroristes massives, bien coordonnées et organisées sur l’ensemble du territoire national du Mali, ainsi que dans les autres pays de l’AES, les Chefs terroristes et le porte-voix de leurs sponsors étatiques, appellent au dialogue et à la composition d’un Gouvernement d’union nationale et de réconciliation.
Ils font appel aux peuples du Sahel ; ils appellent à une large coalition avec tous les Opposants à la Transition militaire actuelle (ceux qui sont réduits au silence par les emprisonnements, la peur, le sentiment de trahison, le découragement et la déception, la dissolution des partis politiques).
Or nous savons par expérience, depuis mai 2012, que certains acteurs publics, ici au Mali, sont prêts à collaborer (en se compromettant) avec les terroristes alliés au MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), les communications téléphoniques de cette période pourront faire foi !’’
C’est pourquoi l’ancien Premier ministre, n’a jamais caché son refus formel et catégorique non seulement à toute négociation avec les terroristes mais aussi à tous les appels de certains acteurs publics (de l’intérieur et de l’extérieur) au renversement des autorités militaires actuelles de la Transition : ‘‘…moi, Choguel Kokalla Maïga, je rejette formellement et catégoriquement, les négociations avec les GAT et les appels de certains acteurs publics (de l’intérieur et de l’extérieur) au renversement des autorités militaires actuelles de la Transition’’.
En effet, ‘‘malgré la complexité de la situation et les déceptions que le pouvoir actuel fait subir aux Maliens, en trahissant ses engagements initiaux et serment (engagements d’ailleurs répétés plusieurs fois, après les premières prises de parole et lors du premier communiqué de l’ex-CNSP)’’, il faut conduire pacifiquement la transition à son terme et ne pas souhaiter que la sauce se verse pour tout le monde.
En s’adressant aux autorités de la transition, le Dr Choguel Kokalla MAIGA a conseillé que la stratégie de la peur (du chaos et de l’emprisonnement), ne donne nullement le droit ou une licence aux tenants du pouvoir au Mali, de faire les dérives auxquelles ils s’adonnent actuellement.
Selon lui, les autorités sont en train de créer, construire et consolider leur pouvoir personnel, au lieu de construire et consolider l’Etat malien. Un Etat, soutient-il, ce sont des règles, des lois et règlements pour tous, et que tout le monde doit respecter, explique-t-il.
« On ne fait pas ce qu’on veut parce qu’on n’a la force des armes ! On ne change pas les règles du jeu au cours du match : la Charte de la Transition a subi plusieurs modifications, depuis son élaboration originelle par le M5-RFP en juillet 2020, utilisée par l’ex-CNSP, par les autorités de Transition à la suite de la Rectification, et par l’actuel pouvoir militaire; la Constitution de juillet 2023 a commencé à être appliquée dans plusieurs de ses dispositions, avant même les élections, alors même qu’elle concerne les institutions supposément issues d’élections », a dénoncé l’ancien Premier ministre.
Malheureusement, face à la réalité, Choguel trouve que le comportement des tenants du pouvoir, apporte chaque jour, et régulièrement, de l’eau au moulin des adversaires de la transition. La triste réalité étant que ‘‘chacun gère son agenda personnel à court terme, oubliant que seul l’agenda de Dieu s’imposera in fine, inexorablement !’’.
Pour éviter le pire à notre pays, il a conseillé les autorités de la transition à tout faire pour ne pas atteindre le point de non-retour.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info Matin
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