Chronique : Cinq ans après le 18 août 2020, le Mali face à son destin inachevé

Cinq ans déjà que le Mali a vécu l’un de ses moments les plus marquants du XXIe siècle. Le 18 août 2020, une contestation populaire sans précédent, portée par le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), avait rencontré la décision des Forces armées maliennes de mettre fin au régime du président Ibrahim Boubacar Keïta. Ce jour-là, le pays a basculé dans une nouvelle trajectoire, saluée par certains comme l’avènement d’un « Malikura », et critiquée par d’autres comme un saut dans l’inconnu.

Bamada.net-Cinq ans après, les plaies des affrontements, notamment les tragiques journées de juillet 2020, demeurent vives dans la mémoire collective. Les familles endeuillées n’ont pas oublié, et l’histoire retiendra ces martyrs comme le prix payé pour un changement espéré.

Choguel Kokalla Maïga : un acteur incontournable, malgré la tourmente

Ironie du sort : celui qui fut l’un des porte-voix de cette contestation, Choguel Kokalla Maïga, ancien Premier ministre et président du Comité stratégique du M5-RFP, traverse aujourd’hui une période délicate avec la justice. Mais même affaibli politiquement, son message résonne encore dans l’espace public.

À l’occasion de ce cinquième anniversaire, il a tenu, par la voix de son équipe de communication, à rappeler deux dimensions essentielles :

• un hommage appuyé aux victimes des 10, 11 et 12 juillet 2020, symbole du prix du combat pour la souveraineté ;

• un appel à l’union sacrée, face aux menaces qui pèsent toujours sur le Mali et sur la région sahélienne.

18 août 2020 : rupture ou continuité ?

Il est important de replacer ce moment dans son contexte. Le 18 août ne fut pas seulement la « fin d’IBK ». Il fut aussi l’expression d’une aspiration collective à rompre avec une gouvernance perçue comme incapable de répondre aux défis du pays : insécurité galopante, corruption endémique, et sentiment d’abandon de larges pans de la population.

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Mais cinq ans après, force est de constater que les attentes initiales n’ont pas toutes trouvé satisfaction. Si l’Alliance des États du Sahel (AES) a renforcé la coopération régionale et si les FAMa ont gagné en puissance militaire, le pays reste confronté à des défis immenses : instabilité persistante, pressions internationales et fractures sociales.

L’appel à la vigilance et à la cohésion

Le message commémoratif de Choguel s’inscrit dans une perspective plus large : celle d’une guerre géopolitique qui dépasse le Mali. Selon lui, les groupes terroristes sont instrumentalisés dans un agenda visant à affaiblir les nations qui, comme le Mali, revendiquent une souveraineté pleine et entière.

C’est pourquoi il exhorte à « resserrer les rangs », non seulement au Mali mais aussi au sein de la Confédération AES. L’idée d’une union sacrée n’est pas seulement un slogan politique : elle se veut une réponse à l’éparpillement des forces et aux querelles internes qui fragilisent la résistance collective.

Une chronique qui interpelle la mémoire nationale

Cinq ans après, l’anniversaire du 18 août n’est pas qu’une date sur le calendrier. Il est un rappel que la souveraineté ne se conquiert pas une fois pour toutes, mais qu’elle se défend jour après jour, au prix d’efforts constants et de sacrifices parfois lourds.

Le Mali doit tirer des leçons de ce parcours : éviter que les idéaux de 2020 ne soient dilués par les rivalités partisanes, préserver la mémoire des victimes de juillet, et surtout continuer à bâtir un État à la hauteur des aspirations de son peuple.

 

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Ladji Djiga Sidibé

 

Source: Bamada.net