Dans une sortie vidéo de plus de 35 minutes diffusée ce samedi 3 août sur sa chaîne YouTube, l’ancien Premier ministre malien, Dr Choguel Kokalla Maïga, est monté au créneau pour répondre aux accusations de détournement de fonds et aux multiples critiques dont il fait l’objet depuis la fin de sa mission gouvernementale. Une déclaration à la fois ferme et introspective, dans laquelle il affirme n’avoir rien à se reprocher, tout en dénonçant des pratiques qu’il qualifie de tentatives d’intimidation et de déstabilisation politique.
« On veut me faire taire »
Bamada.net-C’est un Choguel Kokalla Maïga visiblement serein mais déterminé qui s’est exprimé face caméra. En ouverture de sa déclaration, il revient longuement sur l’affaire des 600 millions de francs CFA, évoquée dans plusieurs rapports de vérification relatifs à sa gestion à l’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications/TIC et des Postes (AMRTP). Selon lui, ces fonds auraient été débloqués de manière transparente dans le cadre d’une décision du Conseil d’administration, validée par le ministère des Finances, pour soutenir une initiative du syndicat des travailleurs visant l’organisation de colonies de vacances pour leurs enfants.
« Je n’ai fait qu’exécuter une décision budgétisée, approuvée, validée. Quelques années plus tard, les montants cumulés sont instrumentalisés contre moi. Mais je ne me reproche rien », martèle-t-il.
Plus grave encore, il accuse certains cercles politiques et médiatiques d’avoir amplifié des accusations infondées pour ternir son image : « J’ai entendu des journalistes affirmer que j’ai remboursé des fonds détournés, alors que cela n’a jamais été le cas. »
Des contrôles ciblés et partiaux ?
Dr Maïga soulève également ce qu’il considère comme des incohérences flagrantes dans les audits réalisés à son encontre. Il cite notamment le fait que certaines dépenses imputées à sa gestion remontent à une période antérieure à sa prise de fonction à la Primature (juin 2021). Il dénonce aussi le fait que la période de son hospitalisation en 2022 — durant laquelle un intérimaire gérait les affaires courantes — n’a pas été incluse dans les vérifications.
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« C’est une volonté manifeste de salir un homme politique, de lui faire peur, de le faire taire. Mais ils se trompent de personne, de pays et surtout d’époque. Les Maliens ont dit non à ce genre de pratiques depuis 2020. »
Une mise au point sur la CEDEAO, les partis politiques et la diplomatie régionale
L’ancien Premier ministre a aussi profité de cette prise de parole pour aborder plusieurs points d’actualité. Il s’est exprimé notamment sur la dissolution des partis politiques, rappelant que les Assises Nationales de la Refondation (ANR) n’avaient jamais recommandé une suppression totale, mais une rationalisation.
« Je n’ai pas pu me taire parce que cette mesure ne respecte pas l’esprit des ANR qui ont mobilisé tout le pays. »
De même, il revient sur la décision du Mali, du Burkina Faso et du Niger de quitter la CEDEAO, qu’il qualifie de choix souverain, légitime et nécessaire face à ce qu’il perçoit comme des ingérences inacceptables.
Un appel à la diplomatie, pas à la confrontation
Dans un ton conciliant, Dr Maïga appelle à apaiser les tensions régionales, notamment avec l’Algérie, suite aux différends autour de l’incident du drone malien abattu.
« Ce n’est pas aux citoyens de s’ériger en porte-parole du pays pour insulter nos voisins. Chaque autorité doit jouer son rôle. La diplomatie est l’arme la plus efficace pour réduire nos ennemis et éviter les conflits inutiles. »
Il préconise une ligne de conduite plus stratégique : discuter avec les voisins, comprendre les différends, identifier les désaccords, mais surtout chercher les voies de réconciliation.
Un engagement qui dépasse les charges officielles
Malgré son départ du gouvernement de transition en novembre 2024, Choguel Kokalla Maïga affirme ne pas vouloir se retirer du débat public, estimant que cette transition appartient à tous les Maliens.
« Cette transition est notre bébé. Si elle trébuche, il faut la redresser. Si elle avance, il faut la soutenir. Se taire serait une trahison de la mission que nous avons assumée collectivement. »
L’homme d’État assume ses opinions, sans animosité, mais avec une volonté marquée de rester fidèle à sa vision pour le Mali. Il revendique sa liberté de ton tout en refusant de céder à la peur ou à la pression.
« Je ne suis pas un homme à faire taire »
Dr Choguel Kokalla Maïga conclut son adresse par un message de foi et de confiance : foi en Dieu, en la justice malienne, et en ses collaborateurs. Il rejette les accusations portées contre lui et assure que la vérité finira par triompher.
« Chercher des poux sur la tête de quelqu’un qui est rasé, c’est compliqué. Il n’y a rien d’anormal dans ma gestion. Mon seul agenda, c’est celui de Dieu et du peuple malien. »
Dans ce Mali en pleine refondation, les interventions de personnalités publiques comme Choguel Kokalla Maïga, qu’on le soutienne ou non, rappellent que les débats démocratiques doivent se faire à visage découvert, dans la transparence et le respect des institutions. Une posture que le principal intéressé semble bien décidé à conserver.
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MLS
Source: Bamada.net
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