Le tout n’est pas dans le dire, mais dans la raison et dans le moment du dire, dit-on. Dans le romantisme, l’intellectuel est dépeint comme un visionnaire, un guide spirituel, et un ‘‘prophète’’ qui a pour rôle d’éclairer le peuple et de préparer un avenir meilleur pour la société.

 

 

9*Il est celui qui discerne les vérités cachées et les communique à travers sa pensée et son expression. Pour ceux qui le pratiquent, leader et rare intellectuel au service du Mali et de l’Afrique, le Dr Choguel Kokalla Maiga, une bibliothèque vivante incontournable qui voit au-delà du présent, perçoit les potentialités du futur et les ombres qui le recouvrent. L’ancien Premier ministre est en quelque sorte un guide spirituel et une locomotive de l’espoir d’un progrès social pour notre pays.
Depuis son éjection de la Primature, il s’est donné pour mission d’instruire et d’éclairer le peuple, de les guider vers la voie de la résilience, du combat contre le terrorisme, de la transformation et du progrès économique et social. Pour lui, les Maliens se doivent de sortir de l’ignorance pour s’engager résolument dans la défense de la sauvegarde de l’unité nationale et de la souveraineté de notre peuple.
Parce que témoin de la vérité, Choguel Kokalla Maiga dénonce les injustices et les erreurs de la gouvernance, tout en appelant à la prise de conscience pour faire du Mali Kura une réalité. Aussi, incompris, ostracisé, clanisé, rejeté, voire persécuté et jeté à la vindicte populaire par une partie de la classe politique, mais Choguel Kokalla Maïga reste fidèle à ses convictions, à la mission qu’il s’est assignée, même dans l’adversité. Voilà pourquoi il a choisi de ne pas se taire, de parler, d’expliquer aux Maliens ce qu’il pense et ce qu’il souhaite pour le Mali.
Point ne s’agit de faire ‘‘honte au peuple qui tremble’’, mais comme le dirait le Visionnaire au peuple qui a soif de vérité : ‘‘Dieu le veut, dans les temps contraires, Chacun travaille et chacun sert. Malheur à qui dit à ses frères : Je retourne dans le désert ! Malheur à qui prend ses sandales Quand les haines et les scandales Tourmentent le peuple agité ! Honte au penseur qui se mutile Et s’en va, chanteur inutile, Par la porte de la cité !’’.
Choguel a choisi de parler. Voici ce qu’il a dit.

Je voudrais expliquer d’abord que j’ai publié ces deux tribunes parce que je suis inquiet. Je suis inquiet de la situation de notre pays. Continuer à garder le silence, c’est une forme de culpabilité ; et puis plus tard, Dieu nous en garde, si quelque chose arrivait à notre pays, beaucoup vont dire : «Mais pourquoi vous n’avez rien dit au moment où il ça n’allait pas».

Ensuite, il y a beaucoup de citoyens qui m’ont appelé depuis la première tribune pour dire qu’ils veulent m’entendre parler parce qu’ils connaissent les positions des uns et des autres actuellement au Mali. Mais quelle est la position de l’ancien Premier ministre ? Et donc, j’estimé que la meilleure réponse est d’expliquer de vive voix aux Maliennes et les Maliens de l’intérieur et de l’extérieur, aux amis du Mali, même aux ennemis du Mali quelle est concrètement ma position ? Parce que souvent au niveau des intellectuels, le débat est faussé. Lorsque vous avancez des idées, il y en a qui sortent pour faire des attaques personnelles au lieu d’aller jusqu’au fond.

Vous aurez constaté qu’actuellement la société est divisée. Vous avez côté les tenants du pouvoir qui exercent la totalité du pouvoir et de l’autre côté les partis politiques et la société civile qui tiennent des discours qui sont souvent applaudis par les chefs terroristes. Il était donc impératif pour moi de clarifier ma position.
D’un côté vous avez, les partis politiques et les associations à caractère politique se battent pour l’application du droit positif malien, y compris les derniers textes, les textes que nous avons, les textes de lois et règlement, la Constitution. De l’autre côté, vous avez les tenant du pouvoir qui créent la peur pour que tout le monde se taise et les laisse faire ce qu’ils veulent. Personnellement, j’ai pensé que c’est une démarche dangereuse et risquée. Il faut leur dire qu’il faut faire beaucoup attention. C’est ce qui m’a fait écrire : «attention à ne pas atteindre le point de non-retour» parce que lorsque les clivages dans la société atteignent un certain point, ça va aboutir à une situation que personne ne contrôle. J’ai donné comme exemple pour que les uns et les autres comprennent le cas d’un pays africain que tout le monde connaît (NDLR : Soudan), je vais pas le citer pour des raisons que vous comprenez.

C’est la société civile et les partis politique qui ont organisé des manifestations en 2019 pour dit-on la démocratie. Ensuite, les chefs militaires ont organisé un PUTSCH. On a neutralisé le président et un pouvoir militaro-civil s’est installé pour organiser la transition qui a été d’ailleurs reconnu par toute la communauté internationale. Quelques années après, je ne sais pas, par eux-mêmes ou par des conseillers mal inspirés, les militaires ont écarté de la gestion du pouvoir les alliés politiques et les associations. Le pouvoir est concentré dans les mains des seuls militaires. Le résultat, c’est que les contradictions entre eux ont évolué en une guerre que personne ne contrôle aujourd’hui et le pays est complètement détruit.
Je crains qu’en nous taisant, en ne faisant pas un travail de conscientisation, on glisse petit à petit vers des situations dangereuses. Je ne souhaite pas cette situation pour notre pays. Je crois d’ailleurs que aucun Malien ne va vers ça. Mais ce sont des exemples qui sont pédagogiquement utiles à montrer et c’est dans ce contexte que j’ai décidé d’expliquer au Malien ma position.

Dans un pays, pour pouvoir gouverner, il faut avoir une majorité de la population qui veut aller dans un certain sens. Cette majorité peut se dégager à la suite d’élection ou à la suite d’une révolution. Mais une minorité ne peut pas s’imposer à tout un peuple usant uniquement des armes, de la peur et des emprisonnement.
Parce que beaucoup ne savent pas, il faut que je le rappelle, la transition malienne est différente des deux autres transitions. Au Burkina face et au Niger, ce sont les militaires exacerbés par la situation que vivait le pays qui ont renversé le régime parce que le pouvoir politique avait neutralisé toute forme d’expression et les citoyens été réduits pratiquement en esclavage. Au Mali, ce sont les citoyens qui ont pris leur responsabilité depuis des années et ce sont les mouvements politiques et associatifs, c’est la société malienne qui a imposé le changement. La chance, c’est que pour éviter les dégâts, un groupe de militaires au nom des forces armées de sécurité a mis le holà. Donc les changements au Mali, au Burkina Faso ne sont pas intervenus de la même façon au Mali.
C’est pour cela qu’au début effectivement on a voulu ignorer ce qui s’est passé. On a formé un gouvernement après avoir pris tous les documents avec le M5 : la charte de la transition, les assises nationales, l’organisation de la transition. On a voulu travailler sans le M5, ça n’a rien donné et le gouvernement a navigué à vue. Finalement ce gouvernement avait fait alliance avec les tenants de l’ancien régime. Il était constitué de ceux-là : les militaires tenants de l’ancien régime, les mouvements séparatistes et contre les forces qui ont opéré le changement. Pendant 1 an. Vous avez vu, les choses n’ont pas bougé. Il est vrai que cette situation était arrangée, disons par les puissances colonisatrices.
Vous vous rappelez de la fameuse phrase du président français que Emmanuel Macron, lorsqu’il disait que le président Bah N’Daw en 3 mois a pu faire ce qu’Ibrahim Boubacar Keïta (paix à son âme) n’avait pas pu faire en 7 ans. Ce qui était archi-faux. C’était juste un compliment pour continuer à endormir les Maliens.

J’ai expliqué dans la deuxième tribune quelque chose que je voudrais que les Maliens comprennent aujourd’hui. J’entends beaucoup de gens dire qu’on a fait partir le président IBK par la force. Voilà aujourd’hui qu’on le regrette.
Je rappelle très bien que le M5 n’a pas fait partir IBK comme ça.
Un mémorandum a été écrit par le M5 envoyé à IBK qui a failli d’ailleurs aboutir à la division du M5. On lui a dit que si on regarde la situation du pays. Le gouvernement ne contrôlait plus rien dans le pays. Des individus et des clans faisaient ce qu’ils voulaient. La situation était telle que nous avons proposé au Chef de l’État qu’il préserve l’institution président de la République. Quant à la gouvernance du pays, qu’il la laisse aux leaders du changement.
On a fait plusieurs démarches. Lui-même, il nous a reçu à sa résidence sur cette question. Moi-même, j’ai participé à une rencontre avec lui. Il était accompagné de son Premier ministre Boubou Cissé et moi j’étais accompagné de l’imam Mahmoud Dicko. On a fait aussi une longue rencontre chez l’ancien président Moussa Traoré (paix à son âme). On a exposé la situation et les solutions de sortie de crise. En plus de ça, j’ai fait moi-même une démarche personnelle devant témoin, les témoins sont vivants pour demander à un de ses anciens ambassadeurs d’aller lui dire que pour préserver la paix sociale au Mali et les institutions, il faut qu’il fasse des concessions. Le Mali ne peut pas continuer dans cette situation. Il a refusé.
Finalement, le M5 a remis sur la table sa démission pure et simple et l’armée a tranché cette question. Donc ceux qui sont en train de dire que le M5 s’est levé pour faire partir IBK, je crois qu’ils ne connaissent pas bien l’histoire.

Ensuite, aujourd’hui, vous entendez beaucoup de gens dire que le Mali est isolé. Le Mali n’a jamais été isolé. Le Mali est en incompréhension avec le gouvernement français et les gouvernements de la CEDEAO qu’il manipulent. Là aussi, c’est la même chose. C’est pas le Mali qui a chassé la France au départ. Ce sont les Français qui ont voulu imposer aux Maliens qu’ils vont choisir le président, le Premier ministre et le président du Conseil national de transition. Notre président de la transition leur a dit que ce n’est pas possible, que ces choix se feront pas au Mali. Comme ça, les Maliens seront en concertation et ils vont prendre une décision.
C’est ainsi que dès que le Premier ministre a été nommé le 7 juin 2021, ce qui les arrangeait pas. Deux 2 jours après, ils ont déclaré qu’ils vont quitter le Mali en faisant les menaces comme s’ils quittent la terre s’écrouler sous nos pieds, et ciel va nous tomber dessus. Or, je crois qu’ils sont venus se jeter dans la gueule du loup parce que nous nous comprenions très bien depuis longtemps que tous les problèmes du Mali, c’est l’État français et ses démembrement qui les entretenaient. Ce sont eux qui organisaient le soutien aux rebelles. Il y a des terroristes que nous avons pris avec lesquels nous avons trouvé des équipements, des rations alimentaires, des armes françaises. Les mouvements sont instrumentalisés par les services spéciaux français. D’ailleurs, un ancien directeur de l’opération Barkhane a dit au Mali 17 septembre 2019 qu’ils ont des preuves que certains parmi les mouvements signataires de l’accord sont la nuit avec les terroristes, le jour ils sont avec l’État malien. Donc eux, ils savaient ce que nous nous savions aussi, c’est que le terrorisme n’allait jamais finir au Mali tant qu’eux ils étaient là.
Le Mali ne pouvait même pas acheter des simples lunettes à vision nocturne. Le Mali n’avait pas d’hélicoptère, le Mali n’avait pas d’avion. Nos soldats mouraient. Ils n’avaient pas de quoi se battre et même quand ils meurent, on peut pas transporter leur corps pour leur donner des sépultures normales. Donc le fait qu’ils quittent notre pays, c’était une très bonne chose.
Leurs ambassadeurs, leurs relais ont commencé à se mêler des affaires intérieures du Mali. Nous avons pris nos responsabilités. On ne peut pas dénigrer notre Etat et continuer soi-disant à collaborer avec nous. En réalité, ils cherchaient juste à préparer le terrain pour leurs agendas, pour organiser un autre soulèvement.
De là, on est parti plus loin. Il y a eu des conséquences que personne n’imaginait. Ils ont instrumentalisé la CEDEAO contre nous. Ça n’a pas marché. Donc pour que ça soit très clair : nous n’avons chassé personne. Mais tous ceux qui ne s’inscrivent pas dans les mesures édictés par le chef de l’État qui ont été pris dans la Constitution : respecter la souveraineté de l’État malien, respecter ses intérêts, la liberté pour le Mali de choisir ses partenaires, on ne peut pas travailler avec eux.

Ils ont refusé de travailler avec nous au motif que nous nous voulons collaborer avec les Russes. Nous leur avons dit que personne ne désignera à la place de l’État malien avec qui collaborer. Donc ils sont partis d’eux-même. Si maintenant ils ont regretté ou leurs partisans ont regretté, il faut pas qu’il se mettent à dire des contrevérités que c’est nous qui les avons chassés. S’ils veulent le revenir, qu’ils viennent discuter avec l’État malien aux conditions de l’État malien.
Nous n’avons pas d’ennemis dans le monde mais nous avons des partenaires qui sont honnêtes, qui sont corrects dans la collaboration. C’est dans ce sens que je voudrais féliciter comme je l’ai déjà dit, la Russie qui est venue au moment où les autres nous ont abandonné. La Chine, la Turquie, d’autres pays, ça ce sont des partenaires sincères.
Personne n’avait équipé l’armée malienne comme ça auparavant. En 1 an, l’armée malienne a été équipée plus que les 30 dernières années réunies et nous avons pu recouvrir l’intégralité de notre territoire. Voilà la situation générale.

Maintenant, le terrorisme, le terrorisme, le terrorisme… C’est un autre débat. Le terrorisme s’est étendu dans le pays, s’est étendu à d’autres pays de la sous-région parce que c’est une lutte entretenue par des grandes puissances étrangères.
Regardez par exemple les terroristes peulhs qu’on arrête ici ou certains qui parlent avec même l’accent. Ce ne sont pas les peulhs maliens, ce sont des gens qui sont importés d’ailleurs. Donc ce sont les sponsors étatiques qui les financent, qui les arment, qui les déversent sur notre territoire pour que les populations s’entretuent, pour qu’ils étouffent l’économie, pour qu’ils étouffent toute initiative de réconciliation entre les Maliens.

Lorsque vous avez cela, vous conviendrez que ce n’est pas le moment de créer des divisions dans le pays en décidant des mesures dont personne n’a convenu.
Au début de la transition, ce qui est en train de se passer, ce n’était pas ça. Au départ, aux assises nationales, il avait été demandé entre 6 mois et 5 ans de transition.
Ensuite, compte tenu la situation nationale et internationale, sachant bien qu’au bout de 3 ans, ce qu’on peut faire, on va le voir, le Mali a proposé 5 ans comme base de négociation à la CEDEAO. Parce que au bout de 3-5 ans, si on travaille bien, n’importe qui qui est présenté à la présidentielle, il va passer aux élections.
Toutefois, si on ne travaille pas bien, on va être atteint par l’usure du pouvoir. Ça veut dire qu’il faut que d’autres viennent travailler à notre place. De 3 ans à 5 ans, la CEDEAO a refusé. Ils sont rentrés dans une confrontation dans l’objectif était de faire tomber le régime. Ils n’ont pas pu.
Donc on ne comprend pas pourquoi aujourd’hui les militaires se retrouvent. Certains, je dis bien, se retrouvent entre eux pour décider qu’il va y avoir un président de façon indéfinie jusqu’au jour où il y aura la pacification du pays.
Si les terroristes décident qu’il n’y aura jamais de pacification du pays, ça veut dire que sans le vouloir, le pouvoir militaire de Bamako deviendrait un allié objectif des terroristes pour qu’il n’y ait jamais la paix dans le pays et le pouvoir ne va jamais changer. Or, plus on dure sans consulter le peuple, plus la situation politique, stratégique, économique du pays va se compliquer et ça va finir par une impasse.
C’est pour ça j’ai dit qu’il faut dire la vérité. Ce n’est pas normal qu’on vienne prolonger de façon indéfinie les pouvoirs du président. C’est ce qui m’a fait dire que les tenants du pouvoir doivent construire un Etat. Or ce qu’ils sont en train de faire c’est construire un régime politique au service d’un clan. C’est ce que nous avons combattu. Ça c’est donc concernant les tenants du pouvoir.

Maintenant ceux qui les combattent, à juste raison, parce qu’il se battent pour leur survie. Parce que vous entendez beaucoup de gens dire : les partis les partis, les partis… Il faut pas mettre tout de tout dans un seul sac. Moi je suis un chef de parti politique. Tous les partis ne sont pas d’accord avec ce qui se passe. Même s’il y a beaucoup qui sont créés et on le sait, ils sont dans des jeux sombres que nous devinons. Eux, ils se battent pour leur existence, pour l’application du droit malien. Mais cette scission entre les tenants du pouvoir et la classe politique a divisé notre société aujourd’hui. Or, quand la société est divisée, elle est fragilisée. Les terroristes, comme ils sont toujours des opportunistes, ont saisi cette situation pour lancer un appel pour dire qu’ils appellent la composition d’un gouvernement d’union nationale avec tous ceux qui sont opposés au tenant du pouvoir. Mais ça veut dire quoi ? Ça veut dire que si on ne fait pas attention avec l’affaiblissement de l’État, un jour les citoyens vont s’énerver pour dire qu’ils en ont marre de ce gouvernement-là. Donc, ils seront prêts à n’importe quoi. Et nous savons que les sponsors des terroristes, sont sans état d’âme.

Nous avons vu un pays au Moyen-Orient où celui qui était un chef terroriste, ils l’ont blanchi, l’ont installé comme président de la République et puis ils collaborent avec lui. Donc si aujourd’hui leur message d’appel à un gouvernement d’union nationale avec tous les opposants aux tenants du pouvoir fait un écho au Mali, ils peuvent s’entendre pour nous installer un terroriste à la tête de l’État malien désormais. Or, tout le monde sait qu’il y a des politiciens qui sont prêts à travailler avec n’importe qui. En mai 2012, il y en a qui étaient prêts à travailler avec les terroristes. Les communications téléphoniques qu’on peut vérifier montrent tout. Dans la classe politique, il y a des acteurs qui sont prêts à travailler avec les terroristes.
Donc si on ne fait pas attention, si les tenants du pouvoir continuent dans l’impasse qu’ils ont créé, si le reste de la société continue de les contester, comme les Bambara le disent «quand il y a une fissure dans le mur les lézards rentrent». Les terroristes et leurs sponsors vont rentrer et chercher un allié.

Si l’objectif c’est de construire juste un régime de clan, le Mali ne peut pas l’accepter. On ne peut pas gouverner un pays par la peur et la force. La preuve, c’est que le soutien populaire de ce pouvoir-là se réduit comme peau de chagrin.

On fait un texte intellectuel au lieu que des intellectuels répondent, c’est des gens qui s’accrochent à attaquer des personnes. Moi, je ne suis pas dans ça. De toute façon, les attaques personnelles, j’en connais suffisamment. Donc c’est un message de réflexion que moi je donne pour que les uns et les autres réfléchissent, que les tenants du pouvoir réfléchissent.

Ce changement au Mali, c’est pas eux seuls qui l’ont amené. C’est le peuple malien qui a voulu le changement. Et puis de toute façon, les militaires qui détiennent le pouvoir, c’est une partie de l’armée. L’armée est une composante du peuple. Le peuple malien n’est pas d’accord qu’un groupe de personnes usurpe son autorité et l’exerce contre lui. Mais les politiques doivent faire attention. Il ne faut pas que sous l’effet de la colère, de la vengeance, de toutes sortes de rentes mémorielles sur le plan de l’histoire qu’ils aillent combiner avec n’importe qui.
Je ne suis pas d’accord avec le renversement du régime actuel uniquement pour les remplacer par les terroristes qui sont aujourd’hui au aguets. Ils attaquent partout. N’importe qui sait très bien que les attaques coordonnées massives en même temps dans tous les pays, du nord au sud, au centre, ça ne peut pas être l’affaire d’une organisation. C’est l’affaire d’états, pas d’un état, de certains états. Donc on est en face d’un terrorisme organisé par des sponsors étatiques. Si on est conscient de ça, il faut faire pression pour que les tenants du pouvoir changent de position. Mais on ne peut pas aller dans le sens de ces gens-là (terroristes).
Voilà l’essentiel de ce que j’ai eu à dire et je voudrais que les Maliens le comprennent très bien.

Je sais qu’aujourd’hui la majorité des Maliens n’est pas d’accord avec ce que les tenants du pouvoir sont en train de leur imposer. Mais une transition, c’est comme un enfant qui qui grandit. Elle peut tomber malade, elle peut se lever et c’est pas la première fois s’agissant de notre transition. D’abord, elle a commencé par une mauvaise option. Au début, elle a fait une sortie de route. Elle a repris le chemin. Aujourd’hui, c’est vrai qu’il y a une grande déception au niveau de beaucoup de personnes, mais j’ai toujours appelé les Maliens à ne pas perdre l’espoir.
C’est pour cela que je disais aux tenants du pouvoir de ne pas assassiner l’espoir que le Mali a suscité, que le gouvernement a suscité, que les autorités de transition ont suscité chez tous les Maliens et chez tous les Africains.
Donc la transition fait un faux pas aujourd’hui mais je suis convaincu qu’elle va reprendre la bonne route. Le Mali ne peut pas, n’a pas le droit d’échouer.

Comme je l’ai toujours dit, tout fils du Mali qui va travailler à tromper les Maliens ou changer l’espoir des Maliens en déception, Dieu ne lui donnera pas la route.
Pour me résumer, je sais qu’il y a des difficultés mais moi je suis optimiste. Je crois que la raison va prévaloir de part et d’autre. Je pense que les africains doivent se remémorer de la situation du Mali au départ. Au départ, il y avait pas beaucoup d’espoir mais le peuple malien a tenu. C’est le même espoir.

Aujourd’hui, au niveau des gouvernants, des anciens partis politiques, disons une partie de la classe politique et sociale, il y a des désaccords de fond, il y a des sérieux problèmes. Mais moi je pense que ça c’est une maladie infantile dans la croissance de toute nation. La transition malienne va continuer son chemin. Elle a trébuché, je suis convaincu, elle est même tombée, mais qu’elle va se lever, reprendre le chemin. Donc les africains gardent espoir. Il ne faut pas parce que l’enfant est malade, il est tombé que les parents pensent que c’est fini pour lui. Notre transition ne peut pas échouer.

En réalité, quand vous analysez froidement, vous remarquerez quelque chose. C’est de façon coordonnée qu’il y a eu les attaques : en même temps dans tous les pays de l’AES et même dans certains pays de la côte. Mais les gros efforts a été concentrés sur le Mali parce que c’est le Mali qui a commencé le processus de contestation de cette soumission. C’est au Mali qu’ils ont implanté d’abord le terrorisme.
Le terrorisme tel qu’il est là, il n’était pas au Burkina Faso, il n’était pas au Niger. Donc ils se disent que s’ils arrivent à bloquer les autorités maliennes, les autres seront plus faciles à neutraliser. C’est pour cela que malgré l’immensité de notre territoire, 1.241.000 km², ils ont attaqué au nord, au grand nord, au grand sud, au centre, à l’est, à l’ouest.
On n’est pas dupe pour savoir que ça ce n’est pas le travail d’un simple mouvement terroriste. Ça c’est le travail organisé d’un État ou des États. Et les États qui sont censés être derrière ça, nous les imaginons déjà. On a eu suffisamment de débats là-dessus.
Il y a des pays qui considèrent que le Mali c’est leur arrière-cours. Il y a des pays qui considèrent que le Mali c’est leur propriété. Ces deux derniers ne s’entendent jamais sauf contre le Mali. Donc chacun de son côté est en train d’aider les terroristes comme ils veulent et comme ils peuvent. D’ailleurs, vous écoutez sur leur médias. Tous les appels que les terroristes lancent sont repris par leurs médias. «Ah, il faut vous regrouper, il faut faire un gouvernement d’union nationale. Ah, il faut Dialoguer». Même récemment, un des pays de la CEDEAO qui a été attaqué dans sa partie nord, les porte-paroles des sponsors sont sortis pour demander au gouvernement de ce pays de négocier.

Le terrorisme n’a pas de pays, n’a pas de patrie, n’a pas de nation. Il frappe partout. Au début, comme je vous ai dit, c’était au Mali seul, c’est arrivé au Burkina, au Niger et après maintenant, une fois qu’ils ont gain de cause ici, ils vont passer à d’autres pays, ils ont commencé déjà. C’est pour ça que j’appelle encore les Africains : ne perdez pas espoir. Il faut combattre le tourisme sans concession.

Je n’ai jamais vu un état dans l’histoire, comme je l’ai répété à maintes reprises qui a vaincu le terrorisme par de négociations. Ça n’existe pas. Tous ceux qui nous commandent de négocier-là dans leur pays-là, ils négocient rien. L’État exerce son autorité. Le jour où les séparatistes et les terroristes avec lesquels ils travaillent comprendont qu’ils ne pourront rien obtenir par la force, en ce moment, on peut négocier. Mais l’État doit avoir le courage de faire toutes les réformes qui sont nécessaires pour amener une paix définitive.

Moi, je suis dans le débats politique. Souvent, j’ai eu déjà à dire à des journalistes que quand il y a des événements, je donne mon avis. Quand c’est des personnes, je ne sais pas. Il y a des gens aujourd’hui, au lieu de lire les tribunes que j’écris pour comprendre sont là sous l’effet de la colère ou de la rancœur à dire : «non, Choguel ne doit même pas parler. C’est lui qui a fait que les militaires sont devenus comme ça. C’est lui qui leur a donné du courage. Sinon, ils étaient même d’accord pour une transition courte. Tous les malheurs du Mali sont venus de Choguel. C’est lui qui a organisé les Assises. Tous les problèmes du Mali sont venus de ça. Donc il ne doit pas parler».

Mais je crois que ce sont des gens qui n’ont rien compris. Lorsque nous venions à la direction du gouvernement en 2021, on n’avait pas d’Etat, on n’avait pas de pays. Parce que si vous entendez qu’on se bat pour la démocratie, il faut d’abord avoir un pays.
Moi, je viens du nord du Mali. Au nord du Mali, il y avait un autre État que l’État malien. D’ailleurs, j’ai dit dans une de mes tribunes que le récent voyage du ministre de la défense et la présence des chefs militaires et du gouverneur à Kidal montre clairement que il y avait un État dans l’État. Donc on pouvait pas faire de démocratie.
Même le président et le Premier ministre pour aller dans cette partie du Mali, étaient obligés de payer de l’argent, des rançons. Dans ces conditions-là, la priorité pour notre gouvernement c’était d’abord le recouvrement de l’intégrité territoriale de l’État malien.
On a fait 3 ans dans ça, mais une fois que l’État, l’intégrité a été recouvré, il faut passer à une autre étape. Comment élargir et solidifier l’État malien ? Au lieu de cela, je vois une situation où encore revient dans l’ancien système. C’est un clan, c’est un petit groupe qui n’est même pas représentatif, qui fait se peur pour s’accrocher à des gens pour imposer aux Maliens quelque chose dont les gens ne veulent pas. Moi, je ne peux pas accepter ça. Moi, je ne peux être complice d’aucun acte que je considère comme un acte de trahison du peuple malien.

Maintenant, il y a beaucoup qui disent qu’ils ne peuvent pas parler parce que tous ceux qui parlent comme ça c’est la prison… Allez-y regarder dans les journaux, c’est des gens qui ont toujours été contre la transition. Ils étaient contre le changement le 18 août 2020. Quand certains ont été mis là-bas, ils se sont tus. Mais quand il y a eu la Rectification, ils se sont tous levés pour dire qu’ils sont contre. Ils ont toujours été contre la transition jusqu’à récemment où ils ont changé de discours. «Ah, Choguel ne doit pas parler parce que c’est lui qui a encensé les militaires. Celui qui a fait ceci, cela avec les militaires’’.

Les militaires maliens ont accompli leur rôle historique. Ils ont continué à les remplir parce que l’armée a été trahie. Le peuple a été trahi et l’armée a décidé qu’elle ne va pas trahir sa mission de génération. Maintenant, si ce sont des chefs militaires, c’est avec eux nous avons travaillé. Mais sans eux, qu’est-ce qui se serait passé ? Imaginez aujourd’hui que le pouvoir en place qui est décrié soit renversé. Mais qu’est-ce qu’il y aura ? C’est le chaos qu’il y aura au Mali. Après il y aura toujours des opportunistes qui vont collaborer avec les terroristes pour esclavagiser le reste des Maliens. Nous ne sommes pas d’accord avec ça. Si c’est au nom de ça qu’ils disent qu’ils ne doivent pas parler, il n’ont qu’à le dire. Nous nous allons continuer à parler.

J’ai dit dans la dernière tribune que le Dialogue, lorsque nous l’avions conçu, c’était au moment où nous avons déclaré l’Accord d’Alger caduc. Parce que ceux qui étaient le support, la CMA, ont assumé les actes terroristes de septembre 2023 où les citoyens, plus de 60 Maliens ont été tués dans le bateau de Tombouctou. Ils ont assumé cette tuerie-là. Nous avons dit qu’on ne peut pas dans des accords avec le gouvernement et assumer des actes terroristes contre les Maliens. À partir de ce moment, ce sont des terroristes et l’accord a été considéré comme caduc.

Donc, il était question de remettre les Maliens ensemble, les mouvements armés restés fidèles à l’État, les composants des autres régions pour élaborer un nouvel accord qui va servir le Mali. Mais au lieu de cela, on a vu des groupes se retrouver, on est sorti avec des idées. Ce qui est très grave, on a produit un document qui soi-disant devait être le référentiel dans lequel on ne parlera jamais des Assises nationales, dans lequel on va nous sortir des cadavres du cimetière : le dialogue national inclusif, la conférence d’entente nationale, des morts nées depuis l’ancien régime. On vient les mettre et on dit que ce sont eux désormais les référentiels pour dire que désormais on ne parlera plus des Assises nationales. C’est ce qui m’a fait écrire dans cette lettre que j’ai adressé aux autorités qu’ils veulent réécrire l’histoire du Mali.
Les Maliens ne l’accepteront pas et il vaut mieux qu’ils disent aux Maliens où est-ce qu’ils veulent aller. Si c’est pour tromper les Maliens, ça ne passera pas. Si c’est pour faire avancer le Mali, il n’y a pas de problème. Ça, c’est ce que j’ai dit et je reste sur cette position.

L’objectif du dialogue a été dévoyé. On est venu sortir des définitions professorales qu’on peut trouver sur Google. Il y a quelques enseignants qui sont là-dedans qui sont trouvés des définitions dans Google. On est allé mettre dans un document référentiel pour le Mali. Mais nous ne sommes pas d’accord.
Au Mali, nous disons que le seul document de référence, c’est le document sorti des ANR. Aux assises, il y a plus de 84.700 participants de toutes les couches socio-politiques, de l’intérieur et de l’extérieur, de tous les villages. Malgré l’insécurité et ils ont fait des jours à débattre. D’ailleurs, les autres pays de l’AES se sont beaucoup inspirés de l’organisation des Assises au Mali. On ne peut pas mettre ça comme pertes et profits. C’est différent de là où il y a quelques dizaines qui se retrouvent. D’ailleurs, on a fait de points. Les délégués à ce dialogue-là, les 75 % sont les gens de l’ancien régime. Les présidents des commissions 100 % ce sont les gens de l’ancien régime.
Mais depuis quand vous avez vu dans l’histoire qu’on fait tomber un régime et ce sont les tenants de ce régime qui vont dire au nouveau régime-là où est-ce qu’ils doivent aller. Ça, je l’ai écrit noir sur blanc depuis le 27 février aux autorités. Nous nous ne cachons rien. Quand on n’est pas d’accord, on le dit. Quand on est d’accord, on travaille ensemble.

Source : Info Matin



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