Au Mali, le général Assimi Goïta, à la tête du pays depuis le putsch d’août 2020, a officiellement reçu, ce mardi, le projet de Charte nationale pour la paix et la réconciliation. Celui-ci est présenté par les autorités maliennes comme le fruit de six mois de consultations dans le pays. Des consultations cependant boycottées par les principaux partis politiques, lesquels sont désormais interdits dans le pays.
Le président de la transition militaire a profité de l’occasion pour dénoncer les ingérences étrangères, notamment celles de l’Algérie, qui, selon lui, auraient contribué à affaiblir l’État et à attiser les tensions communautaires.
Assimi Goïta rejette ainsi la médiation proposée par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, entre Bamako et les rebelles du Nord.
Des décennies d’accords de paix
En recevant officiellement le projet de Charte nationale pour la paix et la réconciliation, Assimi Goïta est revenu sur l’échec des différents accords conclus entre l’Etat malien et les mouvements insurrectionnels.
Il s’agit notamment de l’accord de Tamanrasset, négocié́ sous l’égide de l’Algérie et signé le 6 janvier 1991, à l’époque du président Moussa Traoré.
Mais cela concerne aussi le Pacte national, signé en 1992 par le président malien Amadou Toumani Touré, l’accord d’Alger de 2006 et celui de 2015, toujours en Algérie.
Des accords qui ont, selon Assimi Goïta, échoué à cause de certains intérêts extérieurs, notamment ceux de l’Algérie.
Selon le président de la transition, « les accords qui ont été conclus jusqu’à ce jour ne l’ont pas été dans l’intérêt des Maliens, dans l’intérêt de la paix et de la concorde au Mali. Ces accords ont fait leur temps et ne servent plus la paix aujourd’hui. Tout ce qui a été fait au nom de la paix, l’a été avec des ingérences extérieures. S’il y a des implications étrangères dans votre crise, le règlement ne peut pas être ce que vous auriez souhaité, mais celui des autres. Chacun a voulu privilégier ses propres intérêts ».
Appel à déposer les armes
Face donc à ce qu’il considère comme l’échec de ces accords, Assimi Goïta exclut désormais toute implication étrangère dans le règlement des crises au Mali. « Nous avons pris nos responsabilités en lançant le dialogue inter-malien, pour construire une paix sincère et durable entre Maliens », a déclaré le chef du pouvoir militaire, avant de lancer cet appel à tous ceux qui sont en rébellion contre l’Etat.
« Celui qui sait qu’il est Malien et qui veut la paix et la réconciliation, s’il est armé, doit d’abord se débarrasser de son arme et venir vers nous pour qu’on discute. Il y a beaucoup d’interlocuteurs : les chefs de villages, les maires, le ministre de la Réconciliation, la commission de dialogue inter-malien. Tous ceux qui veulent la paix, doivent se débarrasser de leur arme et venir vers nous pour qu’on discute de la paix », a poursuivi Assimi Goïta.
La charte remise à Assimi Goïta s’articule autour de thèmes larges comme la gouvernance, la justice, la lutte contre la corruption, la gestion des ressources naturelles et la sécurité.
Un paysage politique disséminé
Ni les principaux partis politiques, désormais interdits d’activités, ni les groupes rebelles séparatistes du Nord, qui ont repris les armes, n’ont participé aux concertations et à l’élaboration de cette charte.
Le texte sera soumis bientôt au Conseil national de transition, l’organe législatif non élu du Mali, et une fois adopté par ce Parlement de transition, il sera promulgué par le chef d’Etat malien.
Assimi Goïta avait déjà, début juillet, promulgué une loi lui accordant un mandat de cinq ans renouvelable indéfiniment, sans élection, au grand dam de nombreux acteurs de la classe politique et de la société civile.
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