Révision de la Charte de la Transition : Vers un mandat de cinq ans renouvelable pour le président de la Transition.
Le Conseil des Ministres malien, réuni récemment sous la présidence du Chef de l’État, a adopté un projet de loi hautement stratégique portant révision de la Charte de la Transition. Cette nouvelle orientation législative vise à accorder au président de la Transition un mandat de cinq (5) ans renouvelable, à compter de 2025. Une décision qui marque une nouvelle étape dans le processus de refondation de l’État malien, dans un contexte régional en pleine mutation.
Un choix politique assumé
Bamada.net-C’est sur présentation du ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du Soutien au Processus électoral, que le projet de loi a été soumis et adopté. Il vise une harmonisation avec les dispositifs similaires récemment mis en œuvre dans les autres pays membres de la Confédération des États du Sahel (AES), à savoir le Burkina Faso et le Niger.
Cette démarche n’est pas fortuite. Elle s’inscrit dans une dynamique régionale de redéfinition des modèles de gouvernance et de souveraineté, face aux pressions extérieures et aux menaces sécuritaires persistantes. Le Mali, qui a amorcé sa rectification institutionnelle depuis 2021, entend ainsi prolonger la Transition pour consolider les acquis et renforcer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national.
Une réponse aux aspirations populaires
Le socle de cette révision réside dans les Assises Nationales de la Refondation (ANR), tenues du 27 au 30 décembre 2021. Ce vaste cadre de concertation citoyenne avait abouti à 517 recommandations, appelant à une transformation en profondeur de l’État, à travers des réformes politiques et institutionnelles prioritaires, avant toute échéance électorale.
Ces recommandations ont déjà produit des résultats tangibles, notamment l’adoption par référendum d’une nouvelle Constitution le 18 juin 2023, promulguée le 22 juillet de la même année. Une avancée majeure saluée comme une boussole pour la reconstruction institutionnelle et le renforcement de la souveraineté nationale.
L’enjeu sécuritaire et géopolitique
Depuis la rupture progressive avec certains anciens partenaires internationaux et la montée en puissance des Forces armées maliennes (FAMa), le Mali fait face à une recomposition géopolitique dans la sous-région. Le 16 septembre 2023, avec la signature de la Charte du Liptako-Gourma, les bases de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont été posées. Le 6 juillet 2024, cette alliance a été érigée en Confédération des États du Sahel, illustrant la volonté des peuples sahéliens de bâtir un destin commun.
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Dans ce contexte, la révision de la Charte de la Transition au Mali vise non seulement à maintenir la cohérence politique au sein de la Confédération, mais aussi à garantir une stabilité institutionnelle face aux tentatives de déstabilisation externes.
Une Transition prolongée, mais encadrée
Si le projet de loi suscite des débats, notamment sur la question de la prolongation de la Transition, le gouvernement affirme que cette mesure est temporaire et orientée vers des objectifs clairs : la sécurisation complète du territoire, la poursuite des réformes entamées, et la mise en place de bases solides pour des institutions véritablement démocratiques et souveraines.
Les autorités justifient cette orientation par la nécessité de pacifier durablement le pays et de préparer un retour à l’ordre constitutionnel stable et maîtrisé, contrairement aux transitions précipitées du passé, qui ont souvent conduit à des échecs ou à de nouveaux cycles de crises.
Une réforme attendue par les Forces vives
Il est important de rappeler que cette initiative législative découle également des concertations menées avec les Forces vives de la Nation et les Maliens de la diaspora. Ces échanges ont révélé une forte attente autour d’une gouvernance enracinée dans les réalités nationales, plus à même de répondre aux défis sécuritaires, économiques et sociaux du pays.
Le projet de loi adopté devrait prochainement être soumis au Conseil national de Transition (CNT) pour examen et adoption définitive. Si approuvé, il ouvrira la voie à un nouveau cycle de gouvernance fondé sur la stabilité, la continuité des réformes et la vision stratégique d’un Mali souverain, maître de son destin.
Une page qui se tourne, une autre qui s’écrit
En instituant un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable à partir de 2025, le Mali affirme sa volonté de reprendre en main son avenir politique, en phase avec les réalités régionales et les aspirations de son peuple. Dans un Sahel confronté à des défis multiples – terrorisme, ingérences extérieures, crises sociales – cette réforme se veut un acte de résilience et de refondation.
Reste à savoir si cette révision de la Charte de la Transition rencontrera l’adhésion populaire et permettra de concilier gouvernance durable, légitimité institutionnelle et exigences démocratiques.
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BEH COULIBALY
Source: Bamada.net
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