Le président algérien a affirmé que son pays était prêt à faciliter un dialogue entre Bamako et les rebelles du nord si les autorités maliennes en faisaient la demande. Il a en parallèle réitéré son opposition à toute présence de mercenaires à la frontière. Ces déclarations interviennent alors que le Mali a rompu l’accord d’Alger de 2015 et relancé les hostilités contre les groupes armés du nord, qu’il accuse de terrorisme.
Dans un climat de violence renouvelée dans le nord malien, le président Abdelmadjid Tebboune a clarifié la position de son pays, en mélangeant fermeté et ouverture. « Nous ne voulons pas de mercenaires à nos frontières », a-t-il lancé le 18 juillet, visant directement la présence de Wagner et d’Africa Corps aux côtés des forces maliennes. Et d’ajouter : « Nous sommes prêts à faciliter un dialogue entre Bamako et les rebelles, mais à condition que les autorités maliennes en fassent la demande ».
Ces mots résonnent alors que l’armée malienne affronte depuis des mois les ex‑signataires de l’accord d’Alger, désormais regroupés au sein du Front de libération de l’Azawad (FLA). Ces anciens partenaires du processus de paix sont aujourd’hui qualifiés de « terroristes » par Bamako, qui a engagé des poursuites judiciaires contre leurs responsables. Cette évolution intervient après la dénonciation, en janvier 2024, de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, que Bamako jugeait « inapplicable » et « instrumentalisé ».
Signé en 2015 sous l’égide de l’Algérie et soutenu par la communauté internationale, l’accord visait à stabiliser durablement le septentrion malien grâce à une décentralisation, une meilleure représentation des populations et la réintégration des combattants. Pendant des années, il a permis d’éviter une guerre ouverte, mais n’a jamais été pleinement appliqué.
Depuis sa dénonciation par Bamako, les hostilités se sont intensifiées. Aux Nations unies comme à l’Organisation de la coopération islamique, des diplomates maliens ont accusé Alger d’abriter et de soutenir des responsables qu’ils considèrent aujourd’hui comme « terroristes ». Ces accusations ont été accompagnées d’une série d’incidents, dont l’abattage par l’armée algérienne d’un drone malien à la frontière en avril 2025, que Bamako a qualifié de « provocation ». Alger, de son côté, affirme qu’il s’agissait d’une réponse légitime à une violation de son espace aérien.
Dialogue conditionné, frontières sanctuarisées
Pour l’Algérie, la ligne reste inchangée en indiquant ne tolérer aucune intrusion de mercenaires, mais un dialogue reste possible si le Mali le sollicite. « La solution est politique, pas militaire, mais elle doit être décidée par les Maliens », répète Tebboune, rappelant la doctrine algérienne de non‑ingérence. Dans un communiqué d’avril 2025, Alger estime que le recours aux sociétés militaires étrangères était une erreur stratégique.
Sur le terrain, la multiplication des incidents — drones abattus, échanges d’accusations diplomatiques — illustre la détérioration des relations. Pourtant, les deux pays affirment être favorables au dialogue. Selon Tebboune, « la seule voie de sortie est celle d’une réconciliation entre frères, et l’Algérie peut aider, si elle est appelée à le faire ».
Méfiance persistante et avenir incertain
Dans cette relation ambiguë, Bamako se montre méfiant envers un voisin perçu tantôt comme partenaire, tantôt comme rival, tandis qu’Alger défend sa posture d’intermédiaire légitime dans la crise malienne. Pour les autorités maliennes, maintenir leur autonomie et leur stratégie sécuritaire actuelle est devenu une priorité pour assurer son intégrité territoriale. Pour l’Algérie, éviter la contagion des conflits à ses frontières est un impératif vital.
Le dilemme est désormais posé entre renouer le fil du dialogue sur la base de l’accord d’Alger, ou continuer à miser sur une solution militaire. La main algérienne reste tendue, mais la méfiance grandit des deux côtés, dans une région où la stabilité apparaît chaque jour plus fragile.
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