Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a accordé, ce vendredi soir 18 juillet 2025, une interview périodique à trois représentants de la presse algérienne : la représentante de la télévision publique nationale (Canal Algérie), le représentant de la chaîne privée Ennahar Tv et le représentant de la radio nationale (Afriqia FM).
Comme à son habitude, l’octogénaire aux commandes à Alger n’a pas dérogé à la règle de son sport favori, celui du jonglage avec les faits et la triste réalité. Sur la situation de notre pays et celle du Sahel en général, le président algérien ne prend pas seulement ses options comme verset du Coran, il prend toutes ses distances avec la vérité sur son soutien au terrorisme contre notre pays. Car il doit être le seul chef d’Etat sur cette planète à ignorer que le FLA (front de libération de l’Azawad) est un groupe terroriste qui s’allie avec des groupes terroristes (JNIM, EI) contre le Mali. Nous avons fait pour vous l’économie de ses affirmations scandaleuses ; et notre éclairage.
Sur la politique de bon voisinage
Le président Abdelmadjid Tebboune a rappelé, lors d’une rencontre avec la presse nationale, diffusée dans la soirée du vendredi 18 juillet 2025, l’attachement de l’Algérie à la politique de bon voisinage.
Il a estimé qu’il n’y a pas d’autres solutions que la politique de la main tendue. « Jamais je n’userai de menaces ou d’autres envers nos frères maliens. Ce n’est ni de notre nature ni de notre philosophie. Notre doctrine, c’est le bon-voisinage. Moi, j’y crois. Si les autres n’y croient pas, c’est leur problème …Nous n’utilisons jamais le langage de la menace avec nos frères. Il n’est pas de notre philosophie et de notre nature de le faire. Nous sommes attachés au bon voisinage. Si les autres ne croient pas à cela, c’est leur affaire. Si vous agressez nos frontières, nous réagissons. Le reste, si vous demandez de l’aide, nous sommes prêts à répondre à votre requête», a-t-il déclaré.
Ces affirmations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, au cours de sa rencontre traditionnelle avec des représentants des médias algériens, résument l’état réel des relations de l’Algérie avec ses voisins, plus particulièrement notre pays. «Il n’y a pas de crise avec nos voisins. Il y aurait crise s’il y avait eu agression. Il se trouve qu’un voisin veut réduire ses relations avec moi. Que puis-je y faire ?». L’accusation facile. Pourquoi le président accusateur ne tente pas de contredire les griefs que notre pays porte contre l’Algérie ?
Car le voisin en question qui n’est que le Mali continue de dire sans être contredit par les faits accablants que l’Algérie continue d’encourager les groupes armés séparatistes et terroristes contre notre pays, que l’Algérie est le parrain du « terrorisme » au Sahel à travers le gite et couvert qu’elle offre aux terroristes sur son sol.
Sur la médiation algérienne dans notre pays
En quoi l’Algérie est « la plus grande université de lutte contre le terrorisme » au point que le Mali inspire de la catastrophe, expérience qui exporte et entretient le terrorisme sur son sol depuis 1990 ?
Oui Monsieur le président de la République algérienne populaire et démocratique, «Le Mali connaît une instabilité entre le Nord et le Sud, depuis 1960, soit deux ans avant l’indépendance de l’Algérie. (Oui, vous êtes) intervenus à chaque fois (pour apaiser les tensions). Les Présidents (Ahmed) Ben Bella, (Houari) Boumediène et Chadli (Bendjedid) sont tous intervenus pour régler la situation, jusqu’à aboutir au processus de l’Accord d’Alger de 2015». Mais pourquoi, à votre grand désarroi, «au Mali, on considère cela comme une ingérence dans (nos) affaires intérieures ?
Le président Tebboune a-t-il dit toute la vérité ? Sinon comment un voisin s’implique dans une crise pendant plus 60 ans sans succès ? Pourquoi, l’Algérie continue à s’accrocher à l’Accord d’Alger que notre pays a déclaré caduc le 25 janvier 2024 ? N’ka biŋe ŋinina sin be biŋe kan… «Nous n’avons jamais imposé l’Accord d’Alger. C’est un Accord approuvé par l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies (ONU). Toutes les fractions maliennes l’avaient signé. Reste l’application de cet Accord, entre autres, la réintégration de ceux qui s’étaient rebellés contre l’État malien. Il s’agit d’une question interne qui ne nous concerne pas. Les Maliens sont des frères que nous n’allons jamais abandonner, contrairement à ce qu’ils disent. Le Mali reste sur nos têtes. Nous avons toujours aidé le Mali depuis notre indépendance».
Alors pourquoi l’Algérie ne veut-elle pas laisser à notre pays de régler cette ‘‘question interne qui ne (la) ne concerne pas’’ ? Pourquoi le président Tebboune et son pays Samakoro Sigi ŋogon jugu s’obstinent à vouloir rejeter notre option militaire pour régler la ‘‘question interne qui ne (la) concerne pas’’ au profit de la paix qui n’a pas produit d’effet depuis 60 ans ?
Sur la solution algérienne au séparatisme malien
Arcbouté sur ses convictions, mais sur ses doutes, le président Abdelmadjid Tebboune exclu totalement un règlement militaire de la ‘‘question interne qui ne (le) concerne pas’’: «ce que je dis, je l’assume : l’Histoire a démontré qu’à chaque fois qu’il y a eu un coup d’État, les putschistes étaient convaincus que le problème du nord du Mali devait être réglé par la force. Ils arrivent finalement au résultat que la force ne règle pas les problèmes. Nous avons toujours fait en sorte d’intervenir pour apaiser les esprits entre les protagonistes».
Le président Abdelmadjid Tebboune a rappelé que l’ancien Premier ministre (Choguel Maïga) avait critiqué l’Accord d’Alger dans un livre avant d’arriver au pouvoir. « Donc, c’était prémédité. La solution consensuelle (à la crise au Mali) est incontournable. L’Algérie a le plus défendu l’unité du peuple malien et l’unité territoriale du Mali. Nous n’avons jamais soutenu les séparatistes. Nous essayons de régler les problèmes calmement… », a-t-il soutenu.
La solution ? C’est le dialogue, martèle le président avec emphase et grandiloquence : «Je répète que sans une solution consensuelle, il sera difficile de trouver une issue. Aucun pays n’a défendu et ne défend l’intégrité et l’unité du Mali comme le fait l’Algérie. Nous n’avons jamais encouragé les séparatistes. Nous essayons de régler les problèmes avec douceur. S’ils pensent qu’ils peuvent régler le problème par la force, libre à eux.»
Pour Alger, permettre à un groupe armé séparatiste (FLA, Front de LIBERATION de l’Azawad) de squatter son territoire comme base arrière pour combattre notre pays en vue d’obtenir son indépendance n’est pas de soutenir le séparatisme. Et le divertissant président nous dit le plus tranquillement du monde qu’aucun pays n’a défendu et ne défend l’intégrité et l’unité du Mali comme le fait l’Algérie et qu’elle n’a jamais encouragé les séparatistes… Pourtant, c’est à partir d’Algérie que FLA attaque notre pays ; c’est en Algérie qu’il se replie pour échapper aux FAMa ; et c’est pour protéger l’alliance des séparatistes et des terroristes dans le viseur d’un de nos drones que l’Algérie a poussé le Rubicon jusqu’à l’acte d’agression et de guerre contre le Mali qu’elle dit respecter et défendre.
Sur les menaces de guerre algériennes
En patin instrumentalisé entre les mains des généraux mafieux, Abdelmadjid Tebboune reprend la tonalité martiale et indique la ligne rouge à ne pas dépasser : l’intégrité territoriale de l’Algérie. «S’ils demandent à ce qu’on les soutienne (pour lutter contre le terrorisme), nous sommes là . Pour le reste, nos frontières sont bien sécurisées, il n’y a aucun problème. L’armée est forte et les services de sécurité ont une grande expérience en la matière. Nous ne sentons aucune crise d’encerclement. La plus grande université de lutte antiterroriste, c’est l’Algérie. Nous avons vécu une période où il existait l’Etat du jour et l’Etat de la nuit (les années 1990). Nous avons vécu une période où on enregistrait 400 victimes (du terrorisme) par jour. Rien ne peut nous atteindre par rapport à ce qui se passe ailleurs », a soutenu le chef de l’Etat.
Sur le déploiement de Wagner au Mali
Il est revenu sur le déploiement du groupe russe Wagner dans notre pays, le Mali, le président algérien a laissé entendre que «Nous ne badinons pas avec les questions sérieuses. Les Russes sont des amis, mais moi, président de la République algérienne démocratique et populaire, j’ai dit : «Je n’accepte pas des mercenaires à nos frontières », a-t-il martelé.
Pour lui, la solution à la crise politique et sécuritaire est chez les Maliens, pas en Algérie. «S’ils veulent régler la crise en s’attachant à l’unité nationale, il leur reviendra de le faire. L’Algérie a toujours refusé qu’on s’immisce dans ses affaires intérieures, elle ne peut donc pas le faire pour les affaires du Mali, du Niger, du Burkina Faso ou de la Libye».
Sur la situation au Sahel
Samakoro déplore que les autorités de la transition aient déclaré caduc, le jeudi 25 janvier 2024, l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, sans proposer d’alternative. Ensuite, «le Mali a décidé de retirer son ambassadeur en Algérie, nous ne pouvons pas lui imposer de rester. Nous avons décidé de fermer l’espace aérien au Mali à cause du drone militaire qui est entré chez nous (abattu par les forces armées algériennes dans la nuit du 31 mars 2025 près de Tinzaouatine). Notre espace aérien est toujours ouvert avec le Niger…», a déclaré le chef de l’Etat.
Par El Hadj Sambi Touré
Source : Info Matin
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