La France et l’Algérie, l’ex-puissance coloniale et le grand voisin du nord, se sont vite imposés comme des facilitateurs dans la résolution de cette crise. Mais, en réalité, ces deux nations éprouvaient une profonde sympathie pour les « hommes bleus » du désert. C’était donc un soutien de tous les instants envers les révoltés du septentrion malien qui se cachait derrière cette volonté de trouver un accord entre l’État malien et les rebelles, en espérant qu’une entité touareg échappant à l’autorité de Bamako verra le jour.
Mais au fil du temps, après surtout l’échec des tentatives de sécession, les masques ont commencé à tomber, surtout du côté algérien. Puisque les soutiens de cet État voisin envers les rebelles touaregs du Mali ont éclaté au grand jour. La détérioration de la situation sécuritaire dans le nord du Mali n’est pas le seul fait des rebelles touaregs. En effet, des groupes armés islamistes et des narcotrafiquants ont aussi investi le terrain, rendant encore plus complexe une situation déjà délétère.
C’est dans ce contexte que l’Ukraine, en conflit avec la Russie, a prétexté d’une alliance militaire entre le Mali et cette dernière pour apporter un soutien militaire aux présumés indépendantistes touaregs afin de porter un coup à la Russie présente sur le terrain à travers ces soldats instructeurs de l’armée malienne. En réaction à ce qui est considéré comme une ingérence malsaine et un soutien au terrorisme contre l’État malien, les autorités maliennes ont pointé un doigt accusateur contre ces trois pays. Des accusations réitérées à la tribune des Nations unies par le Premier ministre, le Général de division Abdoulaye Maïga, à travers une intervention ressemblant à un vœu pieux…
Pas de distinguo entre rebelles et terroristes sur le terrain
Une analyse pertinente de cette affaire est pourtant nécessaire pour une clarification à l’opinion nationale et internationale. D’une part, les nations citées comme soutenant le terrorisme au Mali (France, Algérie et Ukraine) ont une autre lecture de la situation sécuritaire au Mali qui n’est pas le point de vue des autorités maliennes. Ces trois pays, dans leur approche, font une distinction entre les Groupes armés terroristes (GAT) d’obédience islamiste, dont le but est de conquérir le pouvoir afin d’établir un État islamique et d’y imposer la charia. À leurs yeux, ces groupes sont à combattre. Et de l’autre côté, les mouvements rebelles du FLA (Front de libération de l’Azawad) qui ont des « revendications politiques légitimes », donc fréquentables et méritant un soutien dans leur lutte d’émancipation.
Et, d’autre part, il y a l’État malien qui ne fait pas de distinguo entre les deux groupes. Ils sont tous jugés terroristes par Bamako puisqu’une collaboration entre les deux groupes est prouvée sur le terrain. Du point de vue du droit et de la légalité internationale, la balance penche forcément d’un côté.
C’est ce détail qui plombe les efforts du Mali dans la recherche d’une paix durable sur son territoire. La tâche de notre pays sera rude parce qu’une partie des décideurs de ce monde sont dans le camp d’en face sous la conduite de la France qui a déjà murmuré son point de vue à l’oreille des nations sceptiques sur le cas malien. On espère donc que l’action militaire mise en œuvre par nos autorités vienne à bout de ce capharnaüm sécuritaire à brève échéance.
Mais une chose est sûre, ce combat ne sera pas gagné par la seule force des armes. Il est absolument nécessaire pour les tenants du pouvoir au Mali de mettre en œuvre une stratégie efficace visant à couper les groupes armés de leurs sources de ravitaillement par le renforcement des mécanismes de surveillance des frontières. Tout comme il est nécessaire de renforcer les capacités de surveillance des mouvements armés grâce à un renseignement militaire très fiable.
Il faut aussi et surtout mettre en ligne de mire les complices locaux de ces mouvements rebelles ou des GAT qui sont légion dans nos villes et villages, notamment à Bamako où les flux d’argent transpirent en faveur des GAT. Si par une circonstance salutaire, ces combattants camouflés dans la nature viennent à être sevrés de leurs moyens logistiques, c’est sûr qu’ils vont abandonner armes et motos pour aller faire du « garibouya » (mendier) dans la première localité rencontrée sur leur chemin afin de trouver à manger.
C’est donc primordial pour nos décideurs de parvenir à sectionner le nerf de cette guerre. C’est une priorité absolue. Ce serait le début du commencement de la fin des hostilités !
Thierno Barro
Source: Le Matin
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