La troisième réunion du Comité de Pilotage du programme de réparations collectives pour la communauté de Tombouctou s’est tenue jeudi 21 mai 2025 sous la présidence de Mamadou K Diarra, Secrétaire général du ministère de la Culture de l’artisanat, de l’hôtellerie et du tourisme la Culture.
Cet événement organisé six ans après le lancement du programme, a permis de dresser un bilan ambitieux des avancées réalisées suite à la destruction des bâtiments protégés, par les groupes armés en 2012.
Mme Aude Le Goff, responsable du Fonds au Profit des Victimes de la CPI, a souligné que un cap majeur a été franchi : «100% des réparations symboliques et individuelles ont été exécutées, tandis que 80% des réparations collectives sont achevées». Ces réparations, ordonnées par la Cour pénale internationale (CPI) en 2017, répondent à la condamnation d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi pour la destruction de dix mausolées et de la porte sacrée de la mosquée Sidi Yahia, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Parmi les réalisations phares, on peut citer la réhabilitation patrimoniale, la reconstruction de mausolées, dont celui du Cheikh Mohamed Mahmoud Al Arawani, la clôture de cimetières et la plantation de haies vives autour des sites.
D’autres mesures symboliques concernent l’érection du monument commémoratif «LOUHA» et la création d’une salle dédiée aux mausolées dans l’enceinte du Musée municipal de Tombouctou.
On note aussi un soutien psychosocial avec 30 cycles de thérapie communautaire ayant touché 720 personnes, majoritairement des femmes. Lors de la session précédente, 15 mesures prioritaires avaient été identifiées. Plusieurs sont désormais en phase finale ou achevés : réfection du Musée de Tombouctou (une salle d’exposition supplémentaire, dédiée à l’histoire des mausolées, a été inaugurée en 2024), électrification solaire des 10 bâtiments protégés (une initiative qui vise à sécuriser les sites), opérationnalisation d’un fonds d’entretien pour assurer la pérennité des réparations, renforcement des capacités locales et formation de maçons traditionnels avec l’appui apporté à la Mission Culturelle de Tombouctou.
Mme Le Goff a insisté sur l’urgence de finaliser l’ensemble du programme avant décembre 2025, échéance fixée pour clore ce chapitre. Selon elle, «les défis persistent, mais les résultats tangibles montrent que la communauté se réapproprie son patrimoine».
Le Secrétaire général du Ministère de la Culture, Mamadou K Diarra a exprimé sa gratitude envers les partenaires techniques et financiers notamment la CPI, l’UNESCO, l’Allemagne et le Canada – dont le soutien a été «déterminant pour transformer les promesses en actions concrètes», d’après lui. Il a réaffirmé la volonté du gouvernement malien de «préserver le patrimoine national, pilier de la cohésion sociale et de la résilience des communautés».
Au-delà des pierres, le programme a insufflé une dynamique de guérison collective. Les réparations socio-économiques (microprojets, formations) et les commémorations annuelles ont renforcé les liens sociaux érodés par le conflit. Il reste toutefois d’autres défis à relever comme l’insécurité persistante, l’occupation illégale des abords des cimetières, et les contraintes budgétaires. Des préoccupations qui rappellent la fragilité des avancées notées.
Six ans après son lancement, le programme de réparations de Tombouctou incarne une justice transitionnelle innovante, mêlant droit international et traditions locales. Alors que l’échéance de décembre 2025 approche, les acteurs mobilisés entendent laisser un héritage durable : un patrimoine restauré, une communauté apaisée, et un modèle de réconciliation inspirant pour le monde.
- SANOGO
Source: L’Aube
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