Rebecca, Djeneba et Kadidia ont fui la crise au centre du Mali. Réinstallées à Bamako sur des sites de déplacés internes, elles se battent chaque jour pour offrir un avenir à leurs enfants. Mères, commerçantes, travailleuses de l’ombre : portrait croisé de trois femmes debout, malgré tout.
Rebecca Kodjo : debout dès l’aube, debout pour ses enfants
Installée depuis quatre ans sur le site de Faladjé Garbal, Rebecca Kodjo, 30 ans, est mère de quatre enfants. Chaque jour, avant même que le soleil ne se lève, elle est déjà en route vers le marché. Elle y achète du poisson frais, des légumes, de l’attiéké, qu’elle revend ensuite sous sa gargote, du matin jusqu’à la tombée de la nuit. Pendant ce temps, ses filles, âgées de 9 et 11 ans, assurent les tâches ménagères à la maison. « Je me lève à 5 heures du matin pour aller au marché. À mon retour, mes filles ont déjà nettoyé la maison. Je fais frire mes poissons, puis je vends jusqu’au crépuscule. » Son commerce, modeste mais constant, permet à Rebecca de participer aux dépenses du foyer et de garder une certaine autonomie.
Djeneba Tamboura : transformer le mil pour nourrir sept enfants
À quelques kilomètres de là, au centre Mabilé, Djeneba Tamboura élève seule ses sept enfants. Âgée de 39 ans, elle fait partie d’un groupement de dix femmes appuyées par la coopération allemande (GIZ) et les services du développement social. Ensemble, elles transforment le petit mil en couscous.
Sa journée commence par les corvées domestiques, avant de rejoindre ses collègues pour acheter, trier, laver et cuire le mil. Une fois le couscous prêt, il est conditionné en sachets et vendu au marché. Les revenus sont maigres : environ 3 000 FCFA par femme.
« On travaille toute la journée, en plus des tâches à la maison. Grâce à certains partenaires, on a pu lancer cette activité, mais on manque de soutien. »
Ce projet de transformation est encadré par des acteurs comme le coordinateur du site des déplacés Tiémogo Traoré. Il confirme que des structures comme GIZ et Help appuient la création de comptes en microfinance pour pérenniser ces activités.
Kadidia Barry : trier les déchets pour survivre
Également installée au centre Mabilé, Kadidia Barry mène un combat quotidien contre la précarité. Mère de famille, elle débute chaque journée par la préparation du petit-déjeuner, les courses et les corvées ménagères. Ce n’est qu’après cela qu’elle part travailler dans les ordures.
Kadidia récupère des morceaux de caoutchouc et de ferraille qu’elle revend après deux semaines de collecte et de tri. Son revenu hebdomadaire varie entre 2 000 et 3 000 FCFA. « Grâce à cette activité, j’arrive à acheter les condiments, le savon, et quelques goûters pour mes enfants. »
Sur les sites des PDIS, les besoins sont encore persistants
À Bamako, de nombreuses femmes déplacées internes, comme Rebecca, Djeneba et Kadidia, bénéficient de projets de résilience initiés par des ONG en partenariat avec les services sociaux. Ces initiatives permettent à certaines d’entre elles de sortir un pied de la précarité, d’avoir une activité, un compte épargne, ou simplement un peu d’espoir. Mais malgré ces efforts, les besoins restent immenses. Le manque d’infrastructures, de financement durable et de soutien ciblé freine l’autonomisation réelle de ces femmes.
Source : Studio Tamani
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