À l’occasion de son entretien périodique avec la presse nationale, tenu le vendredi 18 juillet 2025, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a de nouveau évoqué la situation malienne, dans un discours mêlant diplomatie prudente et rappel historique. Au-delà des mots, ses déclarations révèlent une constante : l’Algérie souhaite rester un acteur influent, mais non impliqué, dans le nouveau rapport de forces qui se dessine au Sahel. Le Mali, quant à lui, avance avec lucidité, détermination et surtout souveraineté retrouvée.
Une crise complexe, mais une volonté claire : reprendre notre destin en main
Bamada.net-Depuis l’indépendance en 1960, notre pays a traversé de nombreuses zones de turbulence. Des rébellions armées, des mutations politiques, et plus récemment une profonde restructuration de ses institutions. Pour le président algérien, ces troubles chroniques seraient le fruit d’un déséquilibre mal maîtrisé entre les régions du Nord et du Sud, aggravé par les ruptures politiques répétées. Il va jusqu’à estimer que les solutions militaires auraient échoué par le passé.
Mais le Mali d’aujourd’hui n’est plus celui des décennies précédentes. Grâce à la recomposition courageuse de son armée nationale (FAMa), à la reconquête de ses territoires et à des choix stratégiques pleinement assumés — notamment dans ses partenariats militaires — le pays est désormais en capacité d’assurer sa propre sécurité, sans diktat extérieur.
L’Algérie, médiateur ou spectateur ?
Abdelmadjid Tebboune a rappelé que son pays n’intervient jamais dans les affaires internes de ses voisins sans y être expressément invité. Il a insisté sur l’approche de neutralité traditionnelle de l’Algérie, tout en réaffirmant que la solution à la crise malienne ne peut venir que des Maliens eux-mêmes. Une déclaration qui, bien qu’elle semble empreinte de respect, laisse entrevoir un message diplomatique codé : Alger s’éloigne prudemment du terrain, tout en continuant d’affirmer une forme de tutelle morale, notamment à travers la référence aux Accords d’Alger de 2015.
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Mais le contexte a changé. Le Mali ne peut plus être prisonnier d’un accord désuet, figé dans le temps, et de mécanismes qui ont échoué à produire la paix. Aujourd’hui, le peuple malien et ses autorités légitimes veulent repenser une voie endogène vers la stabilité, sans interférence, sans mise sous tutelle, et surtout sans chantage diplomatique.
De nouveaux partenaires, une nouvelle vision
Le président algérien, dans un passage tout aussi symbolique, a tenu à dire que, bien que la Russie soit un pays « ami », l’Algérie n’acceptera jamais sa présence à ses frontières. Là encore, le sous-texte est clair : une méfiance face au rapprochement entre le Mali et la Fédération de Russie.
Mais ce choix stratégique relève exclusivement de la souveraineté malienne. Après des années d’interventions étrangères inefficaces et parfois contre-productives, le Mali a décidé de diversifier ses partenariats. Ce tournant géopolitique est une décision réfléchie, portée par l’intérêt national et les exigences sécuritaires urgentes sur le terrain. Les victoires militaires récentes contre les groupes terroristes, le redéploiement des forces armées, et la reprise de localités stratégiques comme Kidal ou Ménaka prouvent que le Mali a désormais les moyens de sa politique.
Dialogue, oui. Mais avec respect mutuel
Le président Tebboune a terminé son propos en affirmant que l’Algérie a toujours défendu l’unité du Mali. Une formule qui se veut rassurante, mais qui ne saurait faire oublier certaines ambiguïtés du passé. Le Mali n’a besoin ni de tuteurs, ni de parrains. Il a besoin de partenaires francs, solidaires et loyaux.
Si Alger souhaite renouer avec un rôle constructif, elle devra désormais le faire sur la base du respect de la pleine souveraineté du Mali. Fini le temps des médiations à sens unique. Le dialogue inter-Maliens, tel qu’initié par le gouvernement de la transition et appuyé par de larges pans de la société civile, est la seule voie légitime vers la paix durable.
Le Mali n’est pas seul, il est debout
L’Histoire jugera chacun à l’aune de ses actes, non de ses discours. Le Mali a payé le prix fort pour sa dignité et son intégrité territoriale. Chaque parcelle libérée, chaque soldat tombé pour la patrie, chaque village reconquis, rappelle une vérité fondamentale : le Mali ne pliera pas.
Aujourd’hui, face aux défis multiples, le peuple malien reste uni autour d’une ambition claire : retrouver sa fierté, garantir sa sécurité, et construire un avenir qui ne soit dicté par personne d’autre que les Maliens eux-mêmes.
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Moussa Keita
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Source: Bamada.net
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