Ce dimanche 12 octobre 2025, la ville mythique de Tombouctou, la « ville des 333 Saints », a vibré au rythme d’une tradition ancestrale et vitale : le crépissage annuel de la Grande Mosquée de Djingareyber. Cet événement, qui mobilise les populations dans un élan de ferveur et de conservation, revêt cette année un caractère particulièrement solennel, marquant les 700 ans d’existence de ce joyau de l’architecture soudano-sahélienne, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Érigée au XIVᵉ siècle sous le règne du légendaire empereur Kankou Moussa, la Mosquée Djingareyber est plus qu’un lieu de culte ; elle est un symbole emblématique du génie constructif malien et de l’âge d’or intellectuel de la région. Son entretien, effectué collectivement avec de la boue et des matériaux locaux, est une cérémonie essentielle pour la survie de la structure, constamment menacée par l’érosion du vent et de la pluie.

La mobilisation de ce dimanche témoigne de l’attachement indéfectible des habitants de Tombouctou à leur héritage. Hommes, femmes et enfants se sont unis pour appliquer la nouvelle couche de boue protectrice, perpétuant un geste de transmission intergénérationnelle. Ce crépissage collectif s’inscrit cette année dans un cadre institutionnel fort : l’Année de la culture 2025 décrétée par Son Excellence le Général d’Armée Assimi Goïta, Président de la Transition, Chef de l’État.

Deux jours auparavant, le vendredi 10 octobre 2025, l’importance de ce patrimoine était au centre d’une conférence-débat qui s’est tenue à Tombouctou, toujours en prélude à la célébration des 700 ans. La rencontre portait sur les défis et perspectives de conservation de la mosquée, soulignant la fragilité de ces constructions en terre face aux changements climatiques et à l’usure du temps.

Le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, M. Mamou DAFFÉ, était représenté par M. Sidi Lamine Koné, le Directeur national Adjoint du Patrimoine culturel. Sous la présidence du Gouverneur de la région de Tombouctou, la conférence a réuni un large éventail d’acteurs : du Préfet du cercle au représentant de l’UNESCO au Mali, en passant par les autorités militaires et traditionnelles, et surtout les maçons traditionnels, détenteurs d’un savoir-faire séculaire. La présence d’élèves et d’étudiants a souligné l’enjeu de la transmission des connaissances.

Les échanges, animés par M. Sane Chirfi et Hammou Mahamane Dédéou, ont mis en lumière la nécessité d’une intervention étatique et de partenaires internationaux pour soutenir la formation des jeunes aux métiers du patrimoine culturel, notamment l’architecture traditionnelle. Assurer la relève des maçons est une condition sine qua non pour garantir la conservation durable de ce type d’architecture.

Le soutien du ministère à cet événement confirme l’engagement du Mali à valoriser son riche patrimoine dans le cadre de l’Année de la culture 2025. Le crépissage de Djingareyber est un prélude majestueux à un autre rendez-vous majeur de cette année culturelle : la Biennale artistique et culturelle de Tombouctou, prévue du 18 au 28 décembre 2025.

La célébration des sept siècles de la Grande Mosquée de Djingareyber et la mobilisation autour de son crépissage annuel ne sont pas de simples événements locaux. Ils constituent un acte fort de résilience culturelle et une affirmation de l’identité malienne sur la scène internationale. En mettant son patrimoine au cœur de son agenda, le Mali rappelle que la culture est un moteur de développement, d’unité et de fierté nationale. L’édifice millénaire, avec ses minarets en terre et ses contreforts en relief, se dresse désormais pour une nouvelle année, restauré et prêt à accueillir l’avenir, porté par la volonté de son peuple.

Ibrahim Kalifa Djitteye

Source : Le PAYS



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