Une mission de vérification de performance menée du 1er janvier 2021 au 30 septembre 2024 met en lumière de graves insuffisances dans la gestion de la Société Nationale des Tabacs et Allumettes du Mali (SONATAM-SA). Gouvernance défaillante, contrat de performance non respecté, approvisionnements peu économiques : les recommandations sont claires et les défis nombreux.
Dans un contexte de nécessité accrue de transparence et d’efficience des entreprises publiques, la SONATAM-SA, acteur historique de l’industrie malienne du tabac, voit sa gestion pointée du doigt. La récente vérification de performance effectuée sur près de quatre années a révélé d’importantes failles dans plusieurs domaines clés du fonctionnement de la société.
Le premier constat est une gouvernance administrative peu performante. Le Conseil d’Administration, censé jouer un rôle stratégique de pilotage, ne dispose pas de comités spécialisés essentiels (audit, finances) et manque de diversité. L’absence d’un Directeur Général Adjoint dans l’organigramme ainsi qu’un déficit de procédures stratégiques valides affaiblissent la réactivité et l’efficacité de la Direction générale. La mission recommande de repenser en profondeur l’architecture décisionnelle et organisationnelle. Autre constat alarmant : la mise en œuvre du contrat de performance signé entre l’État et la SONATAM-SA reste largement inefficace. Les ministères de tutelle (Commerce et Finances) ne suivent pas suffisamment leurs engagements contractuels, et la direction de la société ne fait guère mieux. Pire, le Comité de Suivi, censé assurer le respect des objectifs fixés, est quasiment inopérant. Un renforcement du suivi et une meilleure coordination sont urgemment recommandés. Si la production est globalement maîtrisée, l’augmentation du taux de perte de tabac inquiète. Elle appelle à un renouvellement rapide du parc industriel. Côté approvisionnements, la mission dénonce le non-respect du principe d’économie. L’exclusivité accordée à un groupe restreint de fournisseurs, l’absence de planification rigoureuse et d’indicateurs de performance nuisent à la rentabilité. Il est recommandé d’élargir les fournisseurs, d’améliorer la planification et de mieux évaluer les performances d’achat. Ce rapport de vérification est une opportunité de redressement pour la SONATAM-SA, à condition que les recommandations soient mises en œuvre avec rigueur. La refonte de la gouvernance, l’amélioration du suivi contractuel, et une gestion plus économique des opérations sont indispensables pour redonner à la société sa pleine capacité de performance.
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Adama Coulibaly
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