Le Mali perpétue un rituel désormais inscrit en lettres d’or parmi ses priorités nationales. Après Mopti en 2021, Nioro du Sahel en 2022, Ségou en 2023 et Sikasso en 2024, le Plan National de Réponses (PNR) 2025 a été officiellement lancé, le mardi 12 août 2025, par le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi GOÏTA, au siège du Programme Alimentaire Mondial (PAM) à Sogoniko, en Commune VI du District de Bamako.
Cette édition 2025 se veut plus ambitieuse. En plus de la distribution gratuite d’environ 22 000 tonnes de céréales, le plan prévoit la mise en vente d’environ 11 500 tonnes de denrées subventionnées ainsi qu’un volet résilience comprenant l’aménagement de périmètres maraîchers, l’appui aux pisciculteurs et la restauration des terres dégradées. L’État y consacre une enveloppe budgétaire de 12,74 milliards de FCFA.
« Selon les données issues de l’évaluation nationale de la sécurité alimentaire conduite en novembre 2024 par l’Agence de Veille et d’Alerte en Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (AVASAN), et homologuée par le Cadre Harmonisé, 1 470 114 personnes ont été identifiées en situation d’insécurité alimentaire aiguë (Phase 3 – Crise), nécessitant des interventions urgentes d’atténuation », a indiqué Redouwane AG MOHAMED ALI, Ministre Commissaire à la Sécurité Alimentaire, lors de la cérémonie de lancement.
Cette statistique alarmante illustre la persistance d’une vulnérabilité nourrie par une crise multiforme où se côtoient insécurité, aléas climatiques et tensions internationales, malgré les multiples efforts conjoints de l’État et de ses partenaires.
C’est pour répondre à cette réalité que les autorités de la Transition ont instauré, depuis 2021, un mécanisme annuel d’assistance humanitaire adapté aux réalités du terrain. « Ce rituel annuel, initié à Mopti en 2021, poursuivi à Nioro du Sahel en 2022, consolidé à Ségou en 2023, puis renforcé à Sikasso en 2024, trouve cette année un nouvel ancrage au cœur de la capitale, Bamako », a rappelé le Ministre, soulignant les progrès qualitatifs et les avancées enregistrées dans la lutte contre l’insécurité alimentaire.
Le Ministre a néanmoins relevé plusieurs contraintes, notamment la récurrence de chocs biophysiques et agro-climatiques qui compromettent les productions agricoles et les moyens de subsistance dans certaines zones. Ces perturbations entraînent, selon lui, une hausse des prix des denrées de première nécessité sur certains marchés régionaux et locaux, affectant durement les ménages dont l’accès à l’alimentation dépend principalement des achats.
La souveraineté alimentaire au cœur de la Transition
Engagé dans un vaste processus de refondation de l’État, le Président de la Transition, le général d’armée Assimi Goïta a rappelé que ce plan s’inscrit dans la vision de souveraineté alimentaire portée par la Transition : « Nous sommes pleinement conscients des défis que traverse notre pays : aléas climatiques, crises internationales et, surtout, problèmes de sécurité dans certaines localités. Ces facteurs pèsent lourdement sur nos populations, ce qui explique pourquoi la sécurité alimentaire et nutritionnelle figure parmi les priorités du Gouvernement » a-t-il indiqué après avoir mis en route les premiers convois à destination des populations de l’intérieur du pays.
Les partenaires internationaux, et en premier lieu le Programme Alimentaire Mondial, se tiennent aux côtés du Mali. « Nous voulons concentrer nos efforts sur des approches intégrées, associant aide alimentaire, relèvement précoce, activités génératrices de revenus et soutien à l’agriculture d’urgence. Cette stratégie s’inscrit dans la vision partagée de transformation des systèmes alimentaires du Mali vers la souveraineté alimentaire et la résilience communautaire », a affirmé le Représentant et Directeur pays du PAM.
Il a précisé que, malgré un déficit de financement de plus de 200 millions de dollars, plus de 800 000 personnes ont déjà été assistées en 2025, avec un objectif fixé à 2,3 millions de bénéficiaires d’ici la fin de l’année.
Le Ministre Commissaire à la Sécurité Alimentaire a salué la contribution du PAM, qui appuie les efforts du gouvernement avec 15 milliards de FCFA et 10 000 tonnes de vivres en faveur de 685 000 bénéficiaires. « Notre responsabilité collective est d’apporter un soutien effectif aux couches les plus vulnérables, souvent les moins préparées face aux crises sécuritaires, climatiques ou économiques », a-t-il conclu.
Issa Djiguiba
Source : Le PAYS
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