Dans un contexte de vives tensions entre l’État malien et la multinationale canadienne, Barrick Mining, l’administration provisoire décidée par la justice a procédé, ce lundi 23 juin, à la réouverture du bureau de la société à Bamako, laquelle est placée sous contrôle judiciaire.
Cette décision fait suite à une ordonnance de justice rendue après la fermeture administrative des locaux en avril dernier, consécutive à un litige fiscal.
Ce développement marque une nouvelle étape dans le bras de fer judiciaire engagé depuis 2023 autour de la mise en œuvre du nouveau code minier malien, un texte qui entend renforcer la souveraineté économique de l’État sur l’exploitation de ses ressources aurifères.
Le 16 juin 2024, le tribunal de commerce a ordonné la mise sous contrôle du complexe aurifère Loulo-Gounkoto, l’un des plus importants du pays, jusque-là opéré par Barrick Mining. Ce jugement constitue une escalade significative dans le différend opposant l’État malien à l’opérateur minier.
Dans la foulée, Soumana MAKADJI, ancien ministre de la Santé, a été nommé administrateur provisoire du site minier par décision de justice. Cette désignation, que la société canadienne entend contester en appel, confère à l’État malien la gestion temporaire des opérations de la mine pour une période de 6 mois.
M. MAKADJI, selon plusieurs sources, s’est rendu le lundi dans les locaux de Barrick à Bamako pour y rencontrer le personnel. Selon des sources présentes à la réunion, il a exprimé son intention de se rendre rapidement sur le site minier afin de préparer une reprise progressive des activités.
Il a également affirmé que la mine devrait pouvoir s’autofinancer dès la reprise de la production et des ventes d’or. Le même jour, des échanges ont été engagés avec des sous-traitants opérant sur le site, précisent les mêmes sources.
Au cœur du contentieux se trouve l’application du nouveau code minier, adopté en 2023 par les autorités de transition. Ce texte prévoit notamment une hausse des redevances fiscales et une augmentation de la participation de l’État malien dans les sociétés minières.
Actuellement, le Mali ne détient que 20 % des parts dans la société exploitant Loulo-Gounkoto, contre 80 % pour Barrick Mining, une répartition que le gouvernement juge déséquilibrée au regard des enjeux stratégiques que représente l’exploitation aurifère pour l’économie nationale.
La tension s’est aggravée en janvier 2025 lorsque le gouvernement a décidé de bloquer les exportations d’or de Barrick et de saisir environ trois tonnes de métal précieux, provoquant la suspension des activités du complexe minier.
Ce dossier, à l’origine de la tension entre les deux partenaires, s’inscrit dans une dynamique plus large de reprise en main des ressources nationales. Face à des compagnies étrangères souvent accusées de pratiques opaques et d’évasion fiscale, le gouvernement entend instaurer une relation plus équilibrée, fondée sur la souveraineté économique et la juste redistribution des richesses extraites du sous-sol malien.
PAR SIKOU BAH
Source : Info Matin
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