Connaissez-vous les ingénieurs du chaos ? Ce sont ces idéologues malhabiles, de véritables
marchands d’illusions, qui nous viennent du chaos lié au déséquilibre des forces, en somme,
de la fracture des forces de la nation. Maitres en discours propagandistes, ils tentent
d’embrigader les consciences nationales. Sur leur trace, c’est l’anarchie, la corruption, la
négation du droit et tout ce qui s’en suit…
L’univers est conçu par la théorie de l’équilibre des forces : les galaxies, les planètes,
l’infiniment petit, tous générés de la même manière par l’équilibre des atomes autour du
noyau.
Ainsi donc, si le déséquilibre arrive dans la matière, comme c’est le cas pour l’uranium qui
est utilisé dans la fabrication de la bombe atomique, c’est le chaos inévitable. C’est la mort,
c’est la destruction de notre univers.
En dehors de la matière, un pays également, où il n’y a pas d’équilibre dans les composantes
de la société, c’est-à-dire entre la sphère publique, privée et société civile, en somme les
forces de la nation, c’est l’anarchie, la corruption, la mauvaise gouvernance, la pauvreté, la
négation du droit. Ici, c’est là où justement la personne humaine n’a plus de valeur, ni
d’honneur ni de dignité.
De plus, elle manque de créativité. Elle n’a pas la passion de faire et de bien faire les choses,
ni de travailler tout simplement alors qu’on sait, de tout temps, que c’est le travail qui
anoblit l’homme. Ensemble, avec l’équilibre des forces de la nation, nous créons une société
de travail pour les générations futures.
Totalitarisme à la soviétique, mode politique
D’un bon équilibre des forces économiques et politiques, naitra absolument une paix sociale
dynamique, vecteur d’entreprises créatrices de richesses nationales, d’attractivité pour le
pays.
A force égale, par le jeu des équilibres de forces, il est plus facile de s’asseoir autour d’une
table, les parties ayant chacune conscience du poids de l’autre dans la négociation. De ce
fait, il est donc plus facile de se dire la vérité et de construire ensemble l’avenir.
A l’évidence, l’équilibre des forces permet de connaître la valeur de l’autre dans toute
négociation. Ainsi il est plus commode de se tenir le langage de la vérité pour avancer
ensemble, car chacun jouant pleinement son rôle dans la société, plutôt que se gonfler les
pectoraux, en continuant à se regarder en chiens de faïences.
Comme on s’en rend compte, sans cet équilibre, il n’y aura jamais de bonne gouvernance, ce
mal absolu de notre pays qui mine à la longue toutes nos institutions.
L’empire et les colonies : naissance d’un souverainisme totalitaire
C’est là le début du processus d’anéantissement de toutes idées nouvelles, surtout celles
discordantes de la chapelle officielle.
Dans la société où nous vivons, si les rôles ne sont pas bien équilibrés entre la sphère
publique, privée et société civile, l’entreprise privée, telle qu’elle est, ne s’épanouira pas et
les caisses de l’Etat, comme elles le sont actuellement, restent toujours désespérément
vides.
De la même manière, si le rôle de l’Etat est prédominant, en faussant le jeu d’équilibre entre
les différentes composantes de la société, le déséquilibre, qui en découle, s’installera
partout dans le pays, synonyme du désordre, de l’insécurité, du mal vivre ensemble et de la
frustration du peuple.
Si la CEDEAO a échoué à gérer les crises politiques, qui ont éclaté dans les différents pays,
c’est plutôt parce que la sphère privée lui a cruellement manqué dans ses fondements. Là
aussi, l’équilibre des forces n’est pas totalement restauré à cause de l’absence quasi-totale
d’entité privée. Ce qui constitue un handicap important pour l’organisation sous-régionale,
comme on l’a vu dans la gestion de beaucoup de crises, l’empêchant de disposer de
ressources dynamiques pour apporter les solutions adéquates.
Construire une société de travail
Dans ces conditions, construire une société dont le travail sera le substrat va nécessiter
d’abord que la jeunesse puisse s’éloigner des idéologies politiques, comme le nationalisme
et le souverainisme, présentés de façon pathétique comme idéologie de reconstruction de la
nation.
Une jeunesse face à son destin, dans le but d’améliorer sa condition, doit s’interroger sur
son devenir. Pour cela, le salut d’une jeunesse épanouie doit venir d’elle-même, plutôt que
de servir de bras armés pour des idéologies propagandistes qui n’entretiennent en fait
aucune réalité avec son vécu, ni avec ses aspirations profondes.
Eh bien ! Jeunesse, sachez-le une fois pour toute : votre plan de carrière, c’est vous-même
qui devez le tracer. Il est donc clair que votre plan de carrière, tout comme l’action qui y
mène, ne doivent pas vous échapper : plus vous vérifiez vos forces dans l’action que vous
commandez, plus la confiance va s’instaurer en vous. Et c’est là justement que vous
remarquerez, par vous-mêmes, que cet exercice de vérification renforce indubitablement
votre confiance en vous.
Alors, jeunesse malienne, n’écoutez plus jamais les discours creux du patriotisme-
nationalisme avec, en toile de fond, la reconstruction de la nation sous le label flatteur du
« Mali-Kura ». Pendant ce temps, où le nationalisme-souverainisme triomphant est de mise,
on est toujours contraint de remettre du cash à un agent de la sphère publique, sans remise
de reçu, comme on le dit sous les manteaux, pour défendre son entreprise et protéger ses
affaires.
Tout le monde le sait ; c’est la règle du jeu du système actuel dans le Mali Kura.
Quelle vertu pour le « Mali-Kura » ?
L’éducation, en tant que telle, tout comme la source de distribution de la justice, sont les
égalisateurs les plus puissants de la société humaine. Elles nous amènent vers un avenir qui
devrait correspondre assurément à nos aspirations individuelles.
De fait, l’éducation est censée développer notre génie. Elle devient alors le bien le plus
précieux pour un individu. Etant le levier de la dignité et la probité, l’éducation, dans ce sens,
contribue à construire la culture d’un peuple qui, à son tour et fort de ses atouts, pourra
également déverser dans la culture universelle.
Au vu de l’état de notre système éducatif, avec ses tares et ses incohérences, nous
comprenons aisément bien notre absence remarquée dans le concert des nations. Et cela,
malheureusement dans presque tous les domaines de l’activité économique, politique et
autres.
C’est bien d’ailleurs pour cela qu’on dit que l’éducation contribue à garantir la mobilité
sociale, l’épanouissement humain et à renforcer le degré de citoyenneté d’un individu.
L’éducation, c’est bien connu, doit être plutôt confiée à des hommes et des femmes bien…
éduqués. Comme le philosophe le dit : « pour éduquer, il faut être éduqué ». Ne l’oublions
pas, pour l’essentiel.
Dans les méandres de l’abîme
Telle une éducation boiteuse, à coup sûr, la mauvaise distribution de la justice aura comme
conséquence, sur le citoyen et la société dans laquelle il vit, la frustration et la violence. C’est
tout cela qui conduit, sous nos yeux, à la radicalisation, sous toutes ses formes. De plus en
plus, dans notre pays et ailleurs dans la sous-région, le terrorisme radical et violent prend
forme et gagne du terrain.
Dans un tel contexte de violence et de frustration, près de 70% de la population malienne
est analphabète de sa langue officielle aussi bien que dans sa langue maternelle. C’est tout
cela qui explique crûment pourquoi notre économie est faible, nos entreprises fragiles qui ne
créent que très peu de richesses et qui, à la moindre secousse, notamment les coups d’Etat
et autres mouvements populaires violents, disparaissent dans les méandres de l’abîme.
Ajouter à tout cela la pression forte de l’administration publique, qui est devenue la
première tueuse de nos entreprises, nous pouvons nous rendre compte jusqu’à quel degré la
mauvaise distribution de la justice et le chaos éducatif constituent, pour nous, nos
entreprises et notre avenir, de véritables handicaps structurels.
La politique, un métier de conquête du pouvoir sans arme, ni violence
Face au déséquilibre des forces, croissant dans les institutions, on assiste à l’envahissement
dans l’arène nationale, des ingénieurs du chaos qui se transforment en de véritables
idéologues des discours propagandistes et souverainistes naissants.
A l’évidence, la jeunesse doit s’éloigner de ces propagandistes et complotistes de toutes
sortes qui sont en réalité de véritables marchands d’illusions, forts dans l’embrigadement
des consciences populaires.
Ces derniers temps, ils portent sur eux toutes les théories malsaines à l’encontre des partis
politiques. Pour autant, il est prescrit dans toutes les lois universelles, voire la constitution
malienne, que la conquête du pouvoir peut être assimilée à un métier qui ne nécessite ni
violence, ni arme pour se pratiquer.
C’est pourquoi, la jeunesse doit forcément s’éloigner de ces discours propagandistes-
souverainistes. Et cela, pour ne pas servir comme de chair à canons pour ces marchands
d’illusions qui profitent du déséquilibre des forces dans les institutions, et tout ce que cela
implique, dans le but d’endoctrinement les consciences non éduquées et frustrées.
Mamadou Sinsy Coulibaly ;
Président du Groupe Kledu,
Officier de l’ordre national du mérite de la République Française,
Commandeur de l’ordre national du Mali
L’Alternance
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