Le ciment, matériau incontournable dans la vie quotidienne des ménages et pilier du secteur des infrastructures, est devenu ces derniers mois au Mali une denrée rare et chère. Face à cette flambée des prix qui pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des citoyens et ralentit la dynamique de construction, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, a mené de longs mois de concertations avec les différents acteurs de la filière. Ces efforts ont abouti à une décision majeure : la fixation de prix plafonds afin de rendre ce produit vital plus accessible à l’ensemble de la population.
Une concertation multisectorielle pour trouver une issue
Bamada.net-Depuis avril 2025, le prix du ciment a connu une hausse vertigineuse. La tonne, qui oscillait entre 105 000 et 110 000 F CFA, a rapidement atteint 125 000 voire 130 000 F CFA selon les localités. Cette situation a provoqué une onde de choc sur le marché national, entraînant des difficultés aussi bien pour les consommateurs que pour les revendeurs.
Pour répondre à cette urgence sociale et économique, le ministère de l’Industrie et du Commerce a engagé, dès juillet 2025, une série de discussions approfondies avec les producteurs, transporteurs, distributeurs et représentants du secteur. Une première rencontre le 21 juillet a permis d’identifier les principales causes de cette inflation. Une seconde, élargie au ministère des Transports et des Infrastructures, s’est tenue le 25 août 2025 et a débouché sur une décision ferme : plafonner les prix.
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Désormais, la tonne de ciment localement fabriqué est fixée à 112 000 F CFA, tandis que la tonne de ciment importé coûtera 117 000 F CFA. Ces tarifs s’appliquent sur l’ensemble du territoire national. Avant cette mesure, le ciment local se vendait en moyenne à 120 000 F CFA la tonne, et le ciment importé atteignait 130 000 F CFA.
Les causes d’une flambée persistante
Les concertations ont mis en lumière trois problématiques majeures :
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Le déficit de matières premières et l’insécurité : le clinker, matière essentielle à la production de ciment, connaît des perturbations d’approvisionnement. Certaines usines ont même subi des attaques terroristes, ce qui a freiné leur production.
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Les coûts élevés du transport : la réglementation du gabarit des camions entrée en vigueur le 1er avril 2025 a eu un impact direct sur la chaîne logistique. Moins de volume transporté par camion, plus de voyages à effectuer, donc une hausse des coûts.
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Le contrôle insuffisant des prix : malgré les tentatives d’encadrement, les spéculations des revendeurs ont contribué à accentuer la hausse.
Face à ces difficultés, le ministère de l’Industrie et du Commerce a sollicité l’appui du département de la Défense pour sécuriser l’acheminement des matières premières. Par ailleurs, la ministre des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko, a promis de renforcer le suivi du secteur du transport afin de réduire les entraves logistiques.
La réaction des populations : une déception persistante
Si la décision gouvernementale a été saluée comme une avancée, elle reste loin de satisfaire les attentes des populations. Sur le terrain, les prix plafonds peinent à être respectés.
À Bandiagara, un habitant confie : « Ici, le sac de ciment est vendu à 6 500 F CFA, soit 130 000 F CFA la tonne. Et encore, il faut passer commande et attendre parfois une semaine pour être livré. »
À Diré, la situation est encore plus préoccupante : « Le sac atteint parfois 9 000 F CFA », déplore un autre citoyen.
Même dans la capitale, certains considèrent les prix officiels toujours trop élevés. « Même à 112 500 F CFA la tonne, c’est encore hors de portée pour de nombreux Maliens », affirme un usager rencontré à Bamako.
Ces témoignages révèlent un décalage inquiétant entre la décision politique et la réalité du marché.
Un appel au respect strict des prix
Conscient de ce fossé, le ministre Moussa Alassane Diallo a lancé un appel solennel au strict respect des prix fixés, rappelant que le ciment a été classé parmi les produits essentiels pour répondre aux besoins vitaux de la population. Il a également rassuré que son département, à travers ses services de contrôle, veillera à une application effective de la mesure.
Pour garantir un suivi régulier, une nouvelle rencontre entre les différents acteurs de la filière est programmée pour le 25 octobre 2025. L’objectif : évaluer la mise en œuvre des engagements et ajuster, si nécessaire, les mesures adoptées.
Entre décisions politiques et réalités économiques
Cette baisse des prix, bien qu’appréciée, reste en deçà des prix d’antan, lorsque la tonne se négociait entre 90 000 et 105 000 F CFA. Elle illustre les tensions profondes qui traversent le marché du ciment : dépendance aux importations, fragilité sécuritaire, contraintes logistiques et spéculations commerciales.
Pour que la décision gouvernementale produise ses effets, il faudra non seulement une volonté politique ferme mais aussi une collaboration sincère des industriels et distributeurs. Le défi est de taille : rendre ce produit accessible pour la construction de logements sociaux, d’écoles, d’hôpitaux et d’infrastructures, tout en préservant la stabilité du marché.
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Ichiaka Minta
Source: Bamada.net
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