Notre pays a acquis l’intégralité des parts des mines d’or de Yatéla (région de Kayes) et de Morila, qu’il a transféré à la Société de recherche et d’exploitation des ressources minérales du Mali (SOREM SA).
Ce transfert des actions des sociétés minières Yatéla S.A. et Morila S.A. à la Société publique SOREM S.A. a été officialisé par les autorités de la transition le 27 juin 2025, marquant une nouvelle étape dans la reprise en main de ses ressources aurifères. À l’issue d’un conseil des ministres extraordinaire, le gouvernement a adopté deux décrets officialisant ledit transfert qui inclut les parts précédemment détenues par des partenaires étrangers, à la suite d’accords de cession négociés au cours des années 2024 et 2025.
La mine d’or de Yatéla, avait été créée en 2000 et exploitée jusqu’à 2016. À l’arrêt depuis cette date, elle appartenait à 80 % à la société Sadiola Exploration Limited, regroupant notamment AngloGold Ashanti et IAMGOLD, à 20 % à l’État malien. Le 16 octobre 2024, l’État a signé un contrat de cession de l’ensemble des parts détenues par l’actionnaire majoritaire. Selon les données publiées récemment, l’accord comprenait également une contribution financière de 36 millions de dollars pour couvrir les coûts de fermeture et de réhabilitation, ainsi qu’un versement de 4 millions de dollars au titre des obligations fiscales antérieures.
La mine de Morila, également créée en 2000, était initialement codétenue par l’État malien à hauteur de 20 %, AngloGold Ashanti à 40 % et Randgold Resources (aujourd’hui Barrick Gold Corporation) à 40 %. En novembre 2020, la société australienne Firefinch Limited a racheté les parts des deux opérateurs internationaux pour un montant de 29,7 millions de dollars. Cette opération a été suivie de campagnes de forage qui ont permis d’identifier environ 2,43 millions d’onces d’or en ressources combinées (indiquées et inférées). Malgré ces résultats, Firefinch a suspendu les opérations en 2022, puis annoncé son retrait définitif en décembre 2023, invoquant des difficultés financières et opérationnelles.
Le 6 mai 2024, le protocole d’accord signé entre Firefinch et le Mali, permet à notre pays de reprendre l’ensemble des actifs de la société Morila S.A. contre une somme symbolique d’un dollar américain. En contrepartie, l’État a repris deux dettes contractées par Firefinch à savoir un prêt interentreprises de 102,7 millions de dollars et une dette additionnelle de 22,7 millions de dollars à l’égard de Morila Limited. Ces montants sont confirmés par le rapport annuel 2023 de Firefinch Ltd, publié sur le site de l’Australian Securities Exchange.
Il n’est pas sans intérêt de rappeler que les deux mines concernées avaient cessé de fonctionner ou opéraient à capacité réduite à la date du transfert. Aucun organe de gouvernance desdites sociétés n’était fonctionnel et les obligations environnementales, techniques et sociales n’étaient plus assurées. Aussi, les projets de décrets du 27 juin 2025 visent à restaurer la continuité juridique et opérationnelle de ces sociétés, en les rattachant à une entité publique chargée de leur réorganisation et éventuelle relance : la SONAREM SA. La création de la SOREM S.A. s’inscrit dans une volonté de centralisation de la gestion publique des ressources minières. Son mandat couvre à la fois l’exploitation directe, la supervision technique et la valorisation en aval, notamment à travers le projet de raffinerie aurifère de Sénou, dont les travaux de construction ont débuté le 16 juin 2025.
La SOREM SA est désormais chargée de relancer les activités minières, de réorganiser la gestion et de stimuler le développement local dans les zones environnantes des sites. Cette décision marque un tournant stratégique dans la politique minière nationale et reflète la volonté des autorités de transition de renforcer la souveraineté économique et de maximiser les retombées financières et sociales.
PAR MODIBO KONE
Source : Info Matin
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