Bamada.net-Le gouvernement de transition a rendu public, le 22 août dernier, le projet de loi de finances rectificative (LFR) pour l’exercice 2025. Ce document, très attendu dans un contexte de fortes pressions budgétaires, introduit des dépenses additionnelles de 50 milliards FCFA, essentiellement consacrées aux projets d’infrastructures de base et aux programmes de développement social, deux secteurs jugés prioritaires pour améliorer le quotidien des Maliens.
Des choix stratégiques assumés
L’adoption d’une loi de finances rectificative s’explique généralement par la nécessité de prendre en compte de nouveaux besoins ou de corriger certains déséquilibres dans l’exécution budgétaire. Pour 2025, l’État malien a choisi de réorienter ses ressources vers des investissements jugés structurants, dans un contexte marqué par les défis sécuritaires, la montée des dépenses sociales et l’impact des inondations récentes sur plusieurs localités du pays.
Si les 50 milliards supplémentaires sont affectés au financement de projets à portée immédiate, d’autres ajustements budgétaires traduisent une volonté de rationaliser les dépenses publiques, notamment celles des institutions.
Des réductions notables pour certaines institutions
Le Conseil National de Transition (CNT), organe législatif de la Transition, voit ainsi son enveloppe réduite, passant de 13,897 à 11,451 milliards FCFA, soit une coupe de 2,471 milliards.
La Présidence de la Transition enregistre également une diminution significative de ses crédits, ramenés à 15,672 milliards FCFA contre 17,748 milliards initialement, soit une baisse de 2,092 milliards.
La Primature subit le même sort, avec un budget ajusté à 12,803 milliards FCFA, contre 13,556 milliards auparavant.
Même la Sécurité d’État, habituellement épargnée des coupes budgétaires, connaît une réduction légère, ses crédits passant à 21,022 milliards FCFA. Plus surprenant encore, le ministère de la Culture est fortement impacté, avec une baisse de 2,966 milliards, ramenant son budget à 10,007 milliards FCFA, alors même que l’année 2025 a été décrétée « Année de la Culture ». Cette décision risque de susciter des débats dans le monde culturel, déjà en quête de moyens pour promouvoir les artistes et renforcer la diplomatie culturelle malienne.
Une hausse spectaculaire du budget de la Défense
À l’opposé, le ministère de la Défense et des Anciens Combattants bénéficie d’une augmentation substantielle. Son budget atteint désormais 554,091 milliards FCFA, soit une hausse de 43,354 milliards FCFA par rapport aux prévisions initiales. Cette orientation confirme la priorité accordée par les autorités à la consolidation des capacités opérationnelles des Forces armées maliennes (FAMa), dans un contexte sécuritaire toujours complexe marqué par la lutte contre les groupes armés terroristes et la protection des frontières nationales.
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Cette dynamique est également en cohérence avec la stratégie de souveraineté adoptée par Bamako, privilégiant l’équipement militaire, la formation et le renforcement logistique pour permettre aux FAMa de mener de manière autonome leurs opérations sur le terrain.
Un déficit prévisionnel en légère amélioration
Malgré l’introduction de nouvelles dépenses, le projet de loi de finances rectificative permet une réduction du déficit budgétaire prévisionnel. Celui-ci s’établit désormais à 540,189 milliards FCFA, contre 580,986 milliards dans la loi initiale.
Concrètement, le budget d’État est arrêté en recettes à 2 739,697 milliards FCFA et en dépenses à 3 279,886 milliards FCFA. Cette amélioration, bien que relative, témoigne d’un effort de rationalisation et de recherche d’équilibre dans la gestion des finances publiques.
Un arbitrage révélateur des priorités nationales
Au regard de ces ajustements, il apparaît que le gouvernement a fait le choix d’un arbitrage clair : réduire certaines dépenses institutionnelles pour renforcer à la fois les investissements dans les infrastructures sociales de base et la sécurité nationale.
Cette réorientation budgétaire reflète les grandes priorités de la Transition :
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Améliorer les conditions de vie des populations, notamment à travers des projets sociaux et économiques de proximité.
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Assurer la sécurité et la stabilité du territoire, indispensable pour tout développement durable.
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Rationaliser les dépenses institutionnelles, en réduisant les budgets de fonctionnement d’organes jugés non essentiels dans l’immédiat.
Une équation délicate pour le gouvernement
Toutefois, ces choix ne manqueront pas de susciter des débats. La réduction du budget de la culture pourrait être mal perçue, de même que les coupes dans les allocations destinées aux institutions politiques. En revanche, le renforcement des moyens alloués à la Défense devrait bénéficier d’un large soutien populaire, tant la sécurité reste la préoccupation centrale des Maliens.
En définitive, ce projet de loi de finances rectificative 2025 illustre la recherche d’un équilibre difficile entre contraintes budgétaires, exigences sociales et impératifs sécuritaires. Le débat au sein du Conseil National de Transition, appelé à examiner et adopter ce texte, sera sans doute l’occasion de confronter les visions et de clarifier les priorités de l’action gouvernementale dans les mois à venir.
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Ladji Djiga Sidibé
Source: Bamada.net
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