Le Mali est l’un des plus grands clients du port autonome de Dakar en raison de la fréquentation et du volume des marchandises en provenance ou en transit par ce pays. Depuis la crise sociopolitique de 2020 qui a conduit, plus tard, au retrait du Mali de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les tracasseries procédurales au niveau du port autonome de Dakar affectent peu à peu ce corridor malgré les discours souverainistes et panafricains des nouveaux locateurs de la Résidence d’État.
« Quand je viens ici, je suis chez moi, je viens parler à des frères. Nous avons été, en tant qu’opposants, les premiers à dénoncer et nous continuons à dénoncer fermement l’embargo qui a été imposé au Mali par des pays frères, malheureusement, parmi lesquels notre propre pays. Je l’avais dénoncé et je continue à le dénoncer. Sous notre régime, ces genres de pratiques ne pourront jamais prospérer. Et personne ne passera par le Sénégal pour déstabiliser le Mali ou un autre pays frère ou alors lui imposer des sanctions de cette nature, » avait expressément prêché le Premier ministre Ousmane Sonko, lors de sa visite officielle au Mali en août 2024, quelques mois après celle de son président Bassirou Diomaye Faye.
Une année après, cette position semble complètement oubliée par le chef du gouvernement sénégalais. Car aujourd’hui, les opérateurs économiques maliens continuent de vivre le calvaire et le martyr pour mettre la main sur leurs marchandises en provenance ou de transit de par Dakar. Une situation qui devient pire que la période d’embargo dont l’imposition était pleinement assumée par les chefs d’Etat de la CEDEAO.
« Une mission du Conseil malien des chargeurs (CMC) séjourne actuellement dans la capitale sénégalaise. Elle est conduite par le Président du CMC, Monsieur Bakissima SYLLA, en compagnie du Secrétaire général de la même structure », a annoncé dans un communiqué, le ministère en charge des transports et des infrastructures, le 19 aout 2025, avant de préciser que la mission en question « s’active à débloquer la situation de certains conteneurs maliens en souffrance au port autonome de Dakar » conformément aux orientations de Mme Dembélé Madina Sissoko, ministre des Transports et des Infrastructures, la mission.
Le pire est que cette situation contraignante n’est pas à sa première fois entre les deux pays qui se considèrent « amis et frères ». Pour rappel, le Conseil malien des chargeurs avait tiré sur la sonnette d’alerte en mois juillet 2025 sur la quasiment la même problématique.
Si les difficultés en 2022 étaient dues au blocage du port suite aux sanctions « injustes, illégales et humaines » prises contre le Mali par les Chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, celles d’aujourd’hui relèvent d’un choix politique délibéré des nouvelles autorités de la Résidence d’État.
Une déclaration intemporelle du Premier ministre Ousmane Sonko selon laquelle : « Nous devons mettre les émotions de côté et travailler sur la base de préoccupations concrètes. Si nous sommes panafricanistes, chaque panafricaniste doit avoir pour seul objectif l’unité des Africains au-delà de nos différences », est toujours d’actualité et doit servir de boussole dans les relations du Sénégal avec l’Afrique et plus particulièrement avec les pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel engagés, à visage découvert, dans une lutte contre la géopolitique internationale.
Issa Djiguiba
Source : Le PAYS
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